1836 - Siège de Fort Alamo

Alamo résonne dans les esprits comme la résistance acharnée d’une petit contingent de soldats texans réfugiés dans un fort face à une masse compacte de Mexicains. Ce siège a marqué l’histoire par le jusqu’au-boutisme de ses acteurs, à la fois les assiégés qui refusent de plier le genoux devant le pouvoir mexicain et les assiégeants qui n’acceptent pas la résistance de cette poignée d’hommes. Comparable à la bataille des Thermopyles de la Grèce antique (480 av J.-C.), le David texan affronte le Goliath mexicain. Alamo, ce sont aussi des noms qui ont fait leur chemin dans le folklore texan puis américain. Le lieutenant-colonel William Barret Travis, James Bowie l’aventurier au long couteau et David Crockett le trappeur du Tennessee, incarnent cette aventure face à un président américain Antonio Lopez de Santa Anna qui revendique le contrôle despotique du Mexique et du Texas. La naissance de ce dernier comme État a été l’une des raisons de la bataille d’Alamo et en retour, elle a catalysé les envies d'indépendance et de liberté qui ont permis aux Texans de se battre pour leur destin. Plus qu’un affrontement guerrier, Alamo symbolise une lutte entre deux systèmes, deux cultures, deux mondes dont la survie dépend de l’issue de la bataille. 

Fall of alamo 42366 1610919003

Quand le Texas était mexicain

L’État que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Texas, bien qu’américain aujourd’hui, prend ses racines dans la colonisation et influence profondément le développement des premières communautés sur place. En effet, après la conquête du Mexique aztèque au XVIe siècle, l’Espagne étend ses conquêtes au nord et au sud allant jusqu’à l’actuellement Californie formant alors la Nouvelle-Espagne. Le Texas, ou Tejas en espagnol, était l’une des nombreuses provinces de la grande colonie et composait la frontière avec la Nouvelle-France, notamment en étant limitrophe avec la Louisiane.  Au moment de la dissolution de la colonie espagnole en 1821, à la suite d’une guerre d’indépendance (1810 – 1821) organisée par les créoles de Mexico, les colons d'origines européennes nés dans les colonies, contre l’autorité de la métropole espagnole, le Texas devient une province du nouvel État du Mexique. Après l’indépendance, le Mexique a choisi un régime impérial avec à sa tête Agustín (Augustin en français) de Iturbide, devenu Agustín Ier. Impopulaire, il est renversé en décembre 1822 lors d'une révolte organisée par deux généraux, Guadalupe Victoria et Antonio Lopez de Santa Anna, qui proclament ensuite la république. Victoria en devient son premier président. En 1824, une constitution instaure définitivement le nouvel État dans son bon droit. Carte du mexique 2

Organisé selon un système fédéral emprunté aux Etats-Unis, le Mexique se compose de nombreuses provinces à la relative autonomie par rapport au pouvoir central. Le Texas n’obtient cependant pas ce statut. Il est en effet rattaché à l’État voisin du Coahuila qui ne pouvait subvenir seul à sa population avec ses trop maigres ressources. Afin de gouverner son territoire, Mexico s’inspire de ce qui était déjà présent pendant la période coloniale et met en place une pyramide administrative à différents échelons avec un gouverneur et des administrateurs locaux, rassemblés dans les capitales provinciales de Saltillo (Coahuila) et San Antonio de Béxar (appelé soit San Antonio soit Béxar suivant les sources) qui répondent régulièrement par courrier à Mexico. L’éloignement géographique du Texas fait que peu d’habitants occupent ses terres pourtant très fertiles. Sa position de frontière avec les Etats-Unis nécessite pourtant l’attention de Mexico. Le gouvernement organise dans ce but une politique libérale afin d’attirer des colons pour cultiver le Texas à travers le statut de l’empresario (entrepreneur). Il s’agit d’un titre de propriété accordé pour une modique somme à tout chef de famille venu s’installer pour mettre en valeur des terres selon certaines conditions : l’installation d’un nombre déterminé de colons, la conversion au catholicisme, l’utilisation de l’espagnol, l’obtention de la nationalité mexicaine et le maintien de la sûreté et de la sécurité sur place par l’empresario. Déjà présent du temps de la Nouvelle-Espagne, ce procédé permet l’arrivée de nombreuses familles au Texas, rassemblées en de nombreux pôles urbains comme la capitale San Antonio, Nacogdoches, Goliad ou le port de Galveston. Leur nombre explose avec la loi générale de colonisation édictée en 1824. L’un des premiers empresarios du Texas mexicain est Stephen F. Austin (portrait ci-contre)Stephen f austin.jpg qui vient s’installer dans le sud-est du Texas, près de l’actuelle Houston, où il fonde la ville de San Felipe de Austin avec 300 familles, les « Trois cents anciens » vers 1824. Comme dans le reste de la province, Austin est chargé de la tenue de sa colonie dont il devient rapidement le juge et l’administrateur local. Afin de protéger les colons, il met sur pied une force de police composée de volontaires, la Ranger Company en 1823, qui devient après une rapide expansion dans le reste de la province, les Texas Rangers en 1835.  

Cette colonisation est un franc succès pour le Texas qui voit sa population passer d’environ 5 000 en 1824 à plus de 35 000 en 1835 avec une majorité de colons étrangers, près de 20 000, venus des États américains limitrophes comme la Louisiane, le Tennessee ou le Missouri. Ces colons, aussi appelés Anglo-Américains ou Texians (par rapport à ceux d’origines mexicaines, les Tejanos), traduisent la poussée vers l’Ouest qui caractérise les Etats-Unis du président Andrew Jackson depuis le début des années 1820. L’extension continue de la frontière (Frontier) se comprend dans un projet de conquête des terres par les Américains afin d’accroitre leur richesse et le contrôle du continent. En effet, selon une idée communément admise et formulée pour la première fois par le journaliste John O’Sullivan en 1845, la Destinée Manifeste caractérise cette conquête et cette volonté de domination totale. L’Amérique est destinée à être un continent étatsunien.

Les raisons de la discorde entre le Mexique et le Texas

Malgré cette apparente harmonie entre le gouvernement central et sa province, les tensions existent et tendent à se multiplier. Malgré l’acceptation des conditions migratoires par les colons anglo-américains, ces derniers importent avec eux leur propre culture qui entre parfois en contradiction avec celle des Mexicains. L’une de ses oppositions les plus importantes est celle concernant les esclaves. Au moment de l’indépendance, le Mexique a aboli la traite et l’esclavage sur son territoire, pourtant, il a fait preuve d’un certain laxisme lorsque les colons sont arrivés avec leurs esclaves pour cultiver le coton. Malgré le renforcement de la législation, une première 7db29329b3c56456880d225b2287d5efloi provinciale en 1827 interdit l’esclavage et l’affranchissement de tout esclave résidant au Texas et une loi fédérale en 1829 étendant la première au reste du Mexique, il reste tout de même des esclaves, environ 5 000, à la veille de la révolution en 1835. Ils sont soit cachés durant les recensements et patrouilles, soit dissimulés sous le titre de domestiques sous contrats à vie « Indentured Servants ».

D’autre part, les tensions politiques et sociales sont de plus en plus nombreuses avec des désaccords autour de la législation mexicaine. En 1826, un empresario du nom de Haden Edwards est impliqué dans une querelle de propriété avec des colons tejanos. Mécontent de la politique mexicaine, il annonce l’émancipation de son territoire de la tutelle du Mexique et devient la République de Frédonia. Rapidement réprimée par le pouvoir central, l’aventure Frédonia a cependant alerté les autorités notamment le général Manuel Mier y Teran qui envoie un rapport à Mexico en 1829. L’année suivante, une loi coloniale est publiée, réglementant l’entrée des nouveaux colons, leur contrôle par un passeport, l’interdiction, encore une fois, de l’esclavage et de l’entrée de nouveaux esclaves.

Cet état de tensions se concrétise par de nombreuses révoltes ponctuelles dans toute la province. En 1832, dans le port de Galveston, le commandant mexicain de la garnison, John Bradburn, est impliqué dans un procès intenté par un propriétaire d’esclaves. Le commandant avait libéré deux esclaves en fuite ce qui n’a pas plu à leur propriétaire. Ce dernier est représenté par la personne d’un jeune avocat William Barret Travis (portrait en uniforme militiare ci-contre). Refusant le procès, Bradburn, connu pour son autoritarisme et son impulsivité, met aux arrêts Travis. William b travisIl est cependant soutenu par la population qui prend d’assaut la prison pour le libérer. Face à ce soulèvement, Bradburn est contraint à la fuite. William Travis devient après sa libération l’un des plus fervents adversaires des Mexicains et n’hésite pas à prendre les armes comme à Anahuac le 29 juin 1835. Cet épisode de Galveston n’est qu’un parmi une multitude d’autres qui allument lentement mais sûrement la flamme de la révolte.

Cette dernière prend une autre tournure lorsque s’organise un comité, la Convention, à San Felipe le 1er octobre 1832. Elle regroupe les grands hommes du Texas comme Stephen Austin, surnommé pour ses actions en faveur des Texans, le « Père du Texas », ou encore un certain Samuel « Sam » Houston, soldat, explorateur et aventurier de presque 40 ans fraichement arrivé au Texas. Elle a pour objectif l’annulation des mesures restrictives contre l’immigration de la loi de 1830 et la séparation de l’État du Coahuila. L’État mexicain ne voit pas favorablement ce rassemblement qu’il déclare illégal immédiatement. En réponse, une deuxième Convention est mise sur pied. Les mêmes demandes sont formulées et Austin est chargé de les transporter jusqu’à Mexico pour y être entendu. Cependant, le gouvernement fait la sourde oreille et une épidémie de choléra fragilise une administration déjà sur le bord de l’effondrement. Pensant que sa demande ne sera pas écoutée, Austin envoie une lettre au maire de San Antonio proposant la constitution d’un gouvernement provisoire texan en attendant la décision de Mexico. Malheureusement pour Austin, sa lettre arrive aux oreilles du pouvoir et il est enfermé pour le motif de trahison envers le Mexique. Il passe 2 ans en prison qui l’ont transformé. Si jusque-là il est le conciliateur et Texans et Mexicains, son séjour l’a totalement détourné de son pays d’accueil. Lorsqu’il revient au Texas le 11 juillet 1835, il n’a plus qu’un objectif :  libérer le Texas de la tutelle mexicaine en déclarant son indépendance.

La révolution texane et les premiers combats

Alors que les troubles augmentent au Texas, le Mexique est en pleine instabilité politique déclenchée par le coup d’État du général Antonio Lopez de Santa AnnaAntonio lopez de santa anna siglo xix oleo sobre tela (portrait ci-dessous) en 1833, contre le président Anastasio Bustamante. Afin d’obtenir le soutien des provinces éloignées il assouplit, avec l’aide de son vice-président Valentín Gómez Farías, la réglementation de la loi coloniale de 1830, lui permettant ainsi d’obtenir le soutien des révoltés texans dont Austin. Cependant, l’espoir n’est que de courte durée. En avril 1834, sa présidence prend un tournant radical et autoritaire et il se déclare président à vie. Il se détache des libéraux et centralise la législation et l’administration autour de Mexico, au grand dam des provinces éloignées comme le Texas. Il abolit la constitution de 1824, transformant ainsi son mandat en véritable régime dictatorial.

Ces changements dans la politique mexicaine se manifestent dans tout le Mexique par un renforcement de la présence militaire dans les garnisons. Le 21 septembre 1835, le général Martín Perfecto de Cos, responsable de la région, envoie une troupe récupérer un canon dans la ville voisine de Gonzalès afin de l’aider dans la défense de son fort. Ce canon avait été offert à la communauté par le Mexique pour l’aider contre les attaques indiennes. Elle voit donc d’un très mauvais œil ces soldats venus récupérer leur bien. Lorsque qu’ils arrivent le 2 octobre, ils sont accueillis par des coups de mousquets et des boulets et des harangues leur proposant de venir chercher ce précieux canon, mais au préil de leur vie. Incapables d’accomplir leur mission, les Mexicains rentrent bredouille à San Antonio. La révolte de Gonzalès est considérée par les historiens, et le roman national texan, comme l’événement déclencheur de la révolution texane vers l’indépendance. Pour remédier à ce désastre, 110575513 Santa Anna envoie une armée de 1 200 hommes sous le commandement du général Cos pour s’installer à Béxar, une ville voisine de San Antonio, le 9 octobre 1835. Devant cette arrivée importante de soldats, une armée texane est constituée dans la ville de Goliad, récupérée peu après Gonzalès, avec environ 300 volontaires sous la direction d’Austin chargés de déloger les nouveaux arrivants. Renforcés à son arrivée par 300 autres soldats, ils mettent le siège du fort de Béxar. Malgré leur supériorité numérique, les soldats mexicains sont peu entraînés et manquent de munitions. Le siège devient rapidement une guerre d’usure, les Texans ne voulant pas sacrificier de précieuses troupes.  Le 3 novembre, Austin doit quitter son commandement car il est appelé par un nouveau comité, la Consultation, chargé d’organiser la lutte contre le Mexique et le processus d’indépendance. Après de longues discussions, Austin est envoyé aux Etats-Unis pour plaider la cause des Texans le 26 décembre 1835. Entre temps, le siège continu son cours avec le remplacement d’Austin par un jeune officier Ben Milam. Ce dernier décide, le 5 décembre, d’un assaut du fort de San Antonio. Après 5 jours de combats et 154 morts, 4 Texans et 150 Mexicains, Coz capitule et quitte le Mexique. C’est une victoire inespérée pour les Texans. PourtaD8073524ac25c88f031b4717fd52cac8nt, durant l’assaut, Ben Milam fait partie des 4 morts texans. Afin d’honorer son sacrifice, il est fait héros de la révolution et de la nation par le gouvernement provisoire texan. Le premier d’une longue série.

Alors que le Texas se réjouit de ses victoires, le président Santa Anna organise sa riposte. Il fait lever une armée de 6 000 soldats composée de conscrits, de soldats de métiers et d’hommes réquisitionnés parmi les communautés indiennes (représentés ici lors d'une reconstitution). Autoproclamé le « Napoléon de l’Ouest », il a l’intention de montrer à ces Texans, le pouvoir du Mexique et son talent militaire. Il est cependant intéressant de noter que durant cette entreprise, Santa Anna a déclaré les insurgés comme des flibustiers, des bandits sur le sol mexicain. Par conséquent, ils n’ont pas droit à un jugement en cour martiale et seront exécutés comme des criminels s’ils sont capturés. Face à cette immense armée, pour l’époque et la région, les Texans ne peuvent compter que sur une ligne de défense autour de San Antonio composée de deux forts et de contingents de volontaires ainsi que des régiments de soldats d’une armée de métier en cours de constitution. Ces deux forts, Alamo et Goliad sont les derniers remparts avant la destruction. Deux batailles s’y sont déroulées mais l’histoire n’a souvenir que de celle d’Alamo.

Alamo, pièce centrale de la défense texane

L’Alamo est une ancienne mission franciscaine dont la construction, jamais terminée, a débuté au XVIIIe siècle et située à l’est de San Antonio de Béxar. Servant au départ à l’évangélisation des tribus indiennes, elle est délaissée par les autorités mexicaines, réinvestie par des bandes armées pour, enfin, être utilisée comme fort militaire par le général de Cos en 1835. Lorsque ce dernier s’enfuit, la mission devient l’un des moyens de la défense texane contre toutes les menaces venant du Mexique. Le fort ne mérite cependant pas cette appellation. En effet, les murs ne possèdent pas de meurtrière et leur faible hauteur ne permet pas d’y installer un mur de ronde pour les tireurs. Ces différents défauts n’échappent pas au nouveau commandant de l’Alamo : James C. Neill. Il entreprend une élévation des murs, l’installation de passerelles et d’un parapet pour que les hommes puissent s’abriter des tirs ennemis. Il transforme les anciens bâtiments en casernes et en entrepôts. La chapelle, au sud de la cour centrale, est la seule construction laissée intacte. Un barricade est construite entre cette dernière et le magasin à poudre pour renforcer le côté sud-est. Pour occuper ce fort, Neill peut compter sur une petite centaine d’hommes et sur 20 canons, pour la plupart abandonnés par les Mexicains, et un canon de dix-huit livres amenés par des volontaires louisianais.  Map of the alamoMalgré cette puissante artillerie, la population combattante du fort reste très insuffisante pour offrir une défense efficace. Neill envoie plusieurs lettres à la Consultation exigeant l’envoi de renforts et part également dans les environs pour recruter des volontaires. Ces lettres n’obtiennent que peu de résultats car la Consultation est prise dans des querelles d’influences entre les membres du conseil. La discorde empêche toute réponse rapide. Sam Houston offre pourtant son oreille à Neill. Jugeant le fort difficilement défendable, il envoie un homme de confiance, James « Jim » Bowie (portrait ci-contre)Index, un aventurier de la Frontière, combattant intrépide, armé d’un long couteau de chasse qui a fait sa renommé et dont il donnera son nom par la suite, pour aider au démantèlement de la mission et au rapatriement des canons. Cependant, une fois sur place et convaincu par Neill, Bowie affirme dans une lettre à Houston l’importance de la défense d’Alamo qui est la clef du Texas. La trentaine d’hommes avec laquelle il est arrivé vient ainsi s’ajouter aux hommes de Neill.

À la fin janvier 1836, Neill et Bowie sont rejoint par une compagnie de l’armée régulière commandée par un vétéran de la lutte contre le Mexique, William Travis, devenu après ses exploits lieutenant-colonel. Accompagné d’une trentaine de soldats, il apporte un soutien relatif à la défense d’Alamo, mais, pour les Texans, toute aide est la bienvenue. Un dernier groupe d’hommes arrive enfin au début février. Il est dirigé par un certain David « Davy » Crockett (portrait à gauche),Portrait of david crockett 1831 trappeur légendaire du Tennessee et ancien membre du Congrès des Etats-Unis. Personnage populaire de la conquête de l’Ouest, Crockett est connu dans tous les Etats-Unis mais sa célébrité lui fait défaut lorsqu’il est vaincu aux élections au Congrès en 1835. Déçu, il quitte en rage les Etats-Unis et prend la route du Texas espérant trouver une terre qui voudrait bien de lui et retrouver l’aventure qu’il avait quittée en devenant membre du Congrès.

Le 11 février, Neill est contraint de partir du fort et nomme en son absence Travis comme nouveau commandant. Bowie manifeste son mécontentement, tout comme le reste des miliciens qui compose la majorité des combattants présents. Après un vote, Bowie est désigné comme le nouveau chef. Cependant, après une nuit très arrosée, ce dernier est impliqué dans une bagarre impliquant la destruction du mobilier d’un bar. Pour faire amende honorable, il accepte de partager la direction du fort avec Travis, qui, connaissant le matériel et ayant des hommes entraînés, se concentre sur l’entretien des canons. 

Alors que les Texans renforcent leur position, Santa Anna venait de franchir le Rio Grande le 12 février. Son armée arrive finalement en vue de San Antonio le 23 février au petit matin. Les Texans sont en plein sommeil après avoir participé à une fête la veille. Alarmés par les trompettes et les cris de la population qui découvre avec horreur cette vaste armée aux portes de la ville, les Texans emportent tout ce qu’ils peuvent et courent vers le fort. Certains comme le capitaine Almaron Dickinson arrivent avec femmes et enfants, d’autres avec des esclaves comme Travis. Tous les soldats texans ne se dirigent cependant pas vers le fort et une partie des défenseurs prennent la fuite avec leur famille pour échapper à Santa Anna. Il ne reste plus dans le fort qu’entre 140 et 150 combattants avec une vingtaine de civils. Face à eux, Santa Anna, malgré la division de son armée lorsqu’il était rentré au Texas pour détruire plusieurs poches de résistance à la fois, rassemblait tout de même une force de près de 1 500 soldats. Pour intimider d’avantage les défenseurs d’Alamo, il fait lever le drapeau rouge sur l’église de San Antonio, annonçant ainsi qu’il ne ferait aucun prisonnier et que la population entière sera passée par le fil de l’épée. Travis, malgré ce sinistre message, fait tonner un coup de canon à l’intention des Mexicains signifiant qu’il ne se rendrait pas et qu’il combattra jusqu’à la mort. Bowie, plus conciliant, accompagné de quelques hommes, se dirige vers le camp mexicain pour négocier. L’émissaire de Santa Anna, le colonel Juan Almonte, refuse, selon les ordres de son président, toute reddition et exige la soumission inconditionnelle des Texans. Comprenant l’impasse, Bowie retourne au fort et fait tonner un nouveau coup de canon. Le siège vient de commencer.

Le siège de fort Alamo

Le message est clair pour Santa Anna, il ne fera pas de quartier aux défenseurs. Il met en place une ligne de canons qui bombardent chaque jour le fort après une annonce faite au son du tambour. Une pluie de boulets s’abat sur les Texans qui répliquent tant bien que mal aux Mexicains. Afin d’économiser les siens, Travis ordonne l’utilisation des boulets mexicains lors des tirs de réplique. Ironie macabre de l’histoire, certains Mexicains ont ainsi été tués par leurs propres boulets. Alors que les combats commencent à peine le 24 février, Jim Bowie est frappé d’une crise qui l’alite immédiatement.La cause est discutée par les historiens, sans doute la raison viendrait d’une tuberculose pulmonaire contractée durant ses aventures dans l’Ouest. Il est transporté dans la chapelle où il est vu régulièrement par un médecin. Entre temps, Travis est devenu le commandant de l’ensemble du fort. Le même jour, il envoie une lettre à la Consultation qui parvient à franchir le blocus mexicain. Intitulée To the people of Texas and All Americans in the World (« A tout le peuple du Texas et aux Américains du monde »), il informe les délégués du début du siège et le besoin urgent de renforts. Patriote et jusqu’au-boutiste, Travis annonce son intention de se battre jusqu’au dernier pour le salut du Texas. La lettre est rapidement diffusée dans tout le Texas et les Etats-Unis et occasionne l’arrivée de nombreux volontaires à San Felipe, venus combattre le Mexique.

« Camarades et compatriotes,
Je suis assiégé par plus de mille Mexicains sous le commandement du général Santa Anna. J'ai subi un bombardement continuel depuis 24 heures sans perdre un seul homme. L'ennemi a demandé notre reddition sans condition sous peine de passer toute la garnison par les armes si le fort était pris. J'ai répondu à leur demande par un coup de canon et notre drapeau flotte encore au-dessus de nos murs. Je ne me rendrai jamais. Je vous lance un appel, au nom de la liberté, du patriotisme et de tout ce qui forme le caractère unique américain, de venir nous aider aussi vite que possible. Jour après jour l'ennemi reçoit des renforts et ses forces se monteront sans aucun doute à 3 ou 4 000 hommes d'ici quatre ou cinq jours. Même si cet appel n'est pas entendu, je suis déterminé à résister aussi longtemps que possible et à mourir comme un soldat qui n'oublia jamais ce qui est dû à son propre honneur et à son pays. La victoire ou la mort.

William Barret Travis

Lt. Col. Comdt. »

Au moment même où Travis écrit ces lignes, les Mexicains cherchent par tous les moyens à avancer au plus près des murs et à y grimper pour déloger les insurgés. Ils en sont empêchés par le feu nourri des Texans. Pour se protéger, les soldats de Santa Anna utilisent les habitations alentours pour avancer et prendre leur quartier. Le 25 février, un détachement de Texans, potentiellement dirigé par Davy Crockett, se faufile jusqu’aux habitations qu’ils enflamment avec des torches. Ils parviennent sans aucune perte à rejoindre la sécurité du fort, sous le feu de soldats mexicains enragés. Ce jeu du chat et de la souris continue pendant treize jours avec les Texans qui refusent à tout prix un affrontement direct qui leur serait bien trop défavorable. Alors que les Mexicains sont rejoints par 300 hommes supplémentaires, Travis désespère de voir arriver des renforts. Malgré tout, il envoie plusieurs messagers dans les villes aux alentours demander des renforts, notamment au colonel Fannin commandant la garnison de Goliad avec ses 400 hommes. Celui-ci est très indécis par rapport à la marche à suivre. Malgré les protestations de ses soldats, il rechigne à affronter les Mexicains à Alamo. Le 26 février, il prend enfin la route d’Alamo avec 320 hommes. Cependant, il rebrousse chemin après quelques kilomètres en raison de difficultés logistiques. Excuse ou pas, Fannin vient d’abandonner les assiégés et son image en subit les conséquences. À Gonzalès, une trentaine d’hommes dirigée par le lieutenant George C. Kimble attend pourtant cette armée de Fannin pour prendre la route d’Alamo. Impatient, il continue sans Fannin et parviennent miraculeusement jusqu’à l’intérieur du fort le 1er mars. Accueillis d’abord par des coups de feu depuis le fort, les sentinelles pensaient qu’il s’agissait de Mexicains, la troupe de Kimble vient réchauffer les cœurs des défenseurs d’Alamo. Cumulant maintenant à près de 185 combattants, la population du fort vient d’atteindre son maximum.

L'assaut final de Santa Anna et le baroud d'honneur texan

Perdant patience, Santa Anna cherche par tous les moyens à franchir les murs d’Alamo. Heureusement pour lui, il est rejoint le 3 mars par le millier d’hommes de l’armée du général San Patricio. Comptant maintenant plus de 3 000 soldats, Santa Anna décide d’organiser un assaut total sur la mission. Il convoque son conseil de guerre le 4 mars pour exposer son plan. Malgré les protestations de ses conseillers qui craignent des pertes en nombre et qui pourraient s’avérer nécessaire pour la suite, Santa Anna poursuit et ordonne que les hommes soient prêts au combat pour le 6 mars au matin.

Travis lineAu courant de l'arrivée de l’armée de San Patricio, Travis fait, lui aussi, rassembler ses officiers et le reste des hommes dans le cour de la mission. Il leur expose la situation et ses craintes d’un assaut d’envergure pour les prochains jours. Événement appartenant à la légende d’Alamo, Travis aurait tracé une ligne au sol et demandé à ceux qui étaient prêts à donner leur sang pour le Texas de la traverser. Galvanisés, tous les hommes l’aurait traversée, sauf un Français, un ancien soldat de Napoléon nommé Louis Rose.

Le soir du 5 mars, Santa Anna fait donner une dernière fois une salve de canons et fait mettre en ordre de bataille son armée, cachée derrière les habitations. 1 800 hommes sont répartis en quatre colonnes suivant les points cardinaux avec à leur tête l’un des membres de l’état-major mexicain. Chaque colonne se compose de la même façon : au centre, se situent les recrues de la campagne et sur les ailes les vétérans, chargés de canaliser les recrues et d’empêcher les désertions. Chaque homme a dû enlever tout élément métallique qui aurait pu trahir leur approche et s’est délesté de son paquetage.

À 5h30, en silence, les soldats s’approchent du fort et éliminent les quelques sentinelles postées en avant des murs, tuées dans leur sommeil. Battle of alamoAu cri de « Viva Santa Anna ! » et au son du clairon, la charge est lancée lorsqu’ils ne sont plus qu’à quelques mètres. Alertés, tous les Texans courent sur les murs pour repousser les assaillants. Regroupés dans une formation compacte, les Mexicains tombent par dizaines sous le feu des mousquets et des canons. Malgré de nombreuses pertes, ils arrivent sur les remparts en grimpant sur des échelles, apportées pour l’occasion. Les Texans répliquent avec un feu nourri mais la vague mexicaine est trop grande et les défenseurs tombent les uns après les autres. Travis, alors qu’il défendait l’un des murs, est mortellement touché par une balle de mousquet et s’écroule au début des combats. Les vagues de soldats mexicains déferlent encore et encore contre les murs d’Alamo. Exaspéré par la lenteur de l’opération, Santa Anna envoie même ses réserves et sa compagnie de grenadiers pour déloger les Texans les plus tenaces. Une fois débordé, la défense texane s’effondre comme un château de carte. Les baïonnettes s’entrechoquent et percent les corps laissant de nombreux morts au sol. Une partie des canons sont mêmes capturés par les Mexicains qui les utilisent contre leurs anciens propriétaires. Les assiégés se réfugient alors dans les casernes où se déroulent un combat au corps-à-corps faisant de nombreuses victimes, en particulier mexicaines. Le côté nord a été le premier à tomber et Davy Crockett, stationné au mur sud-est, assiste, médusé, à l’invasion du fort. Les Mexicains parviennent également à franchir la palissade que gardait Crockett. Acculé, il recule avec ses hommes jusqu’à l’église où ils se battent à coups de baïonnettes et en frappant avec la crosse de leur mousquet. Ils sont vite submergés par le nombre et une partie des assiégeants s’infiltre dans l’église. Couché dans son lit, Jim Bowie parvient, selon la légende, tant bien que mal à armer deux pistolets et à tuer les deux premiers Mexicains qui ont franchi le palier de sa chambre. Il en a blessé d’autres avec son couteau avant d’être transpercé par leurs baïonnettes. FallofthealamoAlors que les derniers combats se terminent, il ne reste plus que quelques survivants retranchés près de la palissade. Le capitaine Dickinson, l’un des survivants, ordonne à l’un de ses hommes, un certain Robert Evans, de prendre une torche et d’aller faire exploser le magasin à poudre tout proche. L’entrepôt était en effet encore assez rempli pour que l’explosion emporte la majorité des personnes à l’intérieur du fort et infligeant par la même occasion de terribles pertes pour Santa Anna. Malheureusement pour Dickinson, Evans, bien qu’ayant réussi à se faufiler parmi les soldats mexicains, est tué alors qu’il était sur le point de lâcher sa torche. Hasard de l’histoire, à côté de l’entrepôt, se trouvaient les quartiers des civils où résidaient en particulier la femme et la fille de Dickinson.

Après une heure d’intenses combats, le fort d’Alamo a été conquis et les clairons sonnent la fin des hostilités. Conformément à ses intentions, Santa Anna n’a fait aucun prisonnier parmi les combattants. Les derniers survivants sont exécutés froidement à la baïonnette par des soldats mexicains ivres de rage après ces affrontements. Seuls les familles réfugiés dans la chapelle sont épargnées, parmi elles, se trouve la veuve de Dickinson. Le silence tombe sur Alamo. Santa Anna, victorieux, fait la fête avec son état-major.

Fin du siège et conséquences directes

Alamo a été un véritable bain de sang et les 185 défenseurs ont trouvé la mort. En face, les Mexicains accusent tout de même 600 morts, soit le tiers de l’armée qui avait attaqué. William Travis et Jim Bowie figurent parmi les nombreux noms tombés à Alamo pour le salut du Texas. L’un des morts a cependant un destin plus héroïque que les autres, Davy Crockett. Selon la légende, Crockett faisait partie des quelques prisonniers, moins d’une dizaine, capturés au cours des combats devant la chapelle.S l400 Santa Anna a eu vent de la renommée du trappeur du Tennessee et lui offre la vie s’il reconnaît son autorité. C’est alors que le mythe de Crockett prend son envol. Préférant une mort honorable à une vie dans la servitude, il aurait refusé l’offre du président mexicain et aurait exigé mourir auprès de ses compatriotes. Quoiqu’il en soit, Davy Crockett a trouvé la mort à Alamo mais les récits ne permettent pas de déterminer les conditions exactes de son décès (ici à genoux et sur le point d'être exécuté dans le film The Alamo de John Lee Hancock de 2004) .

Alors que les corps des Mexicains sont enterrés dans le cimetière de Béxar, ceux des Texans sont empilés non loin, brûlés et les cendres sont ensuite enterrées. Conséquence directe de ce bûcher, l’impossible recensement pour les historiens du nombre de morts durant la bataille, et qui doivent se baser sur les registres et comptes-rendus de batailles qui sont plus ou moins fiables suivant leur auteur. Des récits sont également disponibles comme celui de la femme de Dickinson, Susanna, qui fut relâchée par Santa Anna et qui raconta son histoire lorsqu’elle arriva à Gonzalès. 

" Remember the Alamo" et la bataille de San Jacinto

Une fois la bataille remportée, Santa prend la route de l'est, en direction de San Felipe, où se trouve le gouvernement texan. Alors que le siège se poursuivait, la Consultation parvient après d’innombrables discussions sur un consensus. Réunie à Washington-on-the-Brazos, elle déclare, le 2 mars, son indépendance et la formation de la République du Texas. C’est alors que les délégués apprennent la situation à Alamo. Sam Houston (portrait photographique ci-contre), Th 1toujours impliqué, prend alors le commandement des forces texanes et confie à la Consultation la mission d’écrire une constitution. Le 11 mars, alors qu’il était sur le chemin de Goliad, il rencontre Susanna Dickinson qui lui raconte le destin d’Alamo. Conscient du danger de Santa Anna, Houston rebrousse chemin et prend la direction de l’est avec l’armée. Gonflée par les volontaires américains, elle comptait plus de 1 200 hommes.

Santa Anna est informé par ses éclaireurs des mouvements de Houston et part à sa poursuite. Pendant plus d’un mois, Santa Anna a chassé l’armée texane. Afin de gagner en mobilité, il a divisé son armée en trois corps. Il commande l’armée du centre d’environ 900 hommes, et le reste s’organise en deux ailes, la première passant par le nord et l’autre par la côte. Le point de convergence est San Felipe. En chemin, les généraux éliminent toutes formes de résistance. C’est ainsi que périt la garnison de Fannin, partie en retard et rattrapée par l’armée du sud commandée par le général Urrea. 350 des 400 soldats, dont Fannin sont faits prisonniers puis exécutés, ce qui fait scandale partout au Texas. Houston continue sa marche vers l’Est mais essuie les critiques de ses officiers et accusent de nombreuses désertions, environ 300 soldats, face à son inaction. Le 31 mars, il franchit le Brazos et arrive près de la ville de Harrisbourg, aux abords de Galveston. Santa Anna traverse à son tour le fleuve le 18 avril et les deux armées se retrouve face à face dans la plaine voisine de San Jacinto.

Pendant trois jours, les deux armées se regardent. Les Texans sont impatients et Houston tarde à intervenir. Finalement, il décide d’attaquer le 21 avril avec un assaut frontal à 15h30, malgré l’avis défavorable de son conseil. Il galvanise son armée en utilisant le souvenir d’Alamo. Les soldats se battent, non seulement pour l’avenir et la survie du Texas mais surtout pour venger leurs frères d’armes tombés à Alamo. Lorsque l’heure est venue, l’armée de Houston s’élance sur la plaine en criant « Remember the Alamo ! » (Souvenez-vous d’Alamo).San jacinto painting Erreur stratégique monumentale, Santa Anna, trop confiant dans ses capacités militaires n’avait pas pris soin de renforcer ses défenses et d’organiser des tours de garde. Ses soldats sont en pleine sieste dans leur tente lorsqu’ils sont surpris par la charge texane. Certains répliquent avec leur mousquet mais d’autres sont fauchés alors qu’ils tentaient de sortir et de s’habiller. L’armée mexicaine est décimée en à peine 18 minutes. Santa Anna, lui aussi surpris dans son sommeil, s’enfuit à cheval et se déguise en réfugié. Il est rattrapé le lendemain par une patrouille qui trouvait suspect ses beaux vêtements. Il est enfin démasqué lorsqu’il arrive au camp de Houston. Alors qu’il traversé le camp texan, des prisonniers mexicains ont crié en le voyant « El Presidente ! ». Contraint à la négociation, en échange de sa liberté il accorde au Texas le départ de l’armée mexicaine, en particulier le reste de l’armée qui comptabilisait encore plus de 3 000 hommes, ainsi que la reconnaissance de la République du Texas comme État indépendant. Ces clauses sont signées dans ce que l’on appelle aujourd’hui les traités de Velasco le 14 mai 1836. Le pluriel désigne une particularité du pacte entre Houston et Santa Anna. Si ce dernier reconnait publiquement la défaite mexicaine, la reconnaissance du Texas est gardée secrète. Ce dernier aspect servira d’excuse à Santa Anna pour annuler le traité les années suivantes et déclencher une nouvelle guerre au cours des années 1840. Le 15 mai 1836, l’armée mexicaine entame son retour vers ses terres. La révolution texane, entamée en 1835 par l’escarmouche de Gonzalès venait de prendre fin. Le Texas est désormais libre et indépendant.

Conclusion

Le siège d’Alamo et le destin tragique de ses défenseurs a été au cœur du projet indépendantiste texan. Le slogan « Remember the Alamo »The alamo 1960 poster a fait ses preuves durant San Jacinto et fut réutilisé durant les premières années du Texas comme république indépendante. Ce dernier reste en effet détaché des Etats-Unis jusqu’en 1845 où il intègre la fédération comme 29e Etat. Sam Houston, le héros de San Jacinto, en devient même le président durant deux mandats (1836 – 1838 et 1841 – 1844). Les héros tombés au combat sont célébrés dans le pays et aux Etats-Unis jusqu’à maintenant, à travers la littérature et le cinéma, notamment dans le film de John Wayne de 1960, Alamo et dans celui de John Lee Hancock, The Alamo, de 2004. Le personnage de Crockett est celui qui a eu la célébrité la plus éclatante en devenant un symbole politique et l’image même de l’homme de la Frontière.

Surnommée parfois les Thermopyles du Texas, Alamo a fédéré autour d’un événement un nation entière, inférieure en nombre et en puissance mais désirant se battre contre un envahisseur désireux de le soumettre. La bataille des Thermopyles a ainsi été réutilisée pour symboliser cet état de fait où le Texas a le beau rôle. Toutefois, il faut prendre conscience des différents enjeux qui entourent la bataille, à la fois politique, sociaux et culturels. En effet, il s’agit bien d’une volonté d’indépendance d’une minorité de la population texane au départ qui s’est étendue au reste du territoire et qui fut une réaction aux politiques mexicaines. D’autre part, il serait erroné de parler d’une guerre entre les colons blancs et les Mexicains car il existait dans le camp texan, des Tejanos, ces Texans d’origines mexicaines, qui voulaient se battre pour leur liberté. De même, des Indiens texans ont été recrutés dans l’armée de Santa Anna et des habitants de San Antonio se sont affrontés, chacun dans des camps différents.   

Alamo a ainsi touché le cœur et l’âme des Texans et des hommes du monde entier, en particulier après la publication de la lettre de Travis. Aujourd’hui, les ruines d’Alamo accueillent un musée et leur histoire est fréquemment retravaillée par les historiens et présentée au public dans les manuels scolaires et dans des parcours de visites. Le site d’Alamo est à ce titre le premier lieu touristique du Texas, symbolisant ainsi cette culture du souvenir patriotique propre aux Etats-Unis et à l’identité texane.  Istockphoto 507122756 170667a

 

Publié par Adrien RASATA le 26/06/2021

A voir

Films :

  • The Alamo de John Wayne (1960)
  • The Alamo de John Lee Hancock (2004)  (affiche ci-contre)                                                                                                            

Série :

  • Texas Rising de Leslie Greif (2015) (8 épisodes). Se passe directement après Alamo et présente les conséquences de la bataille sur la révolution texane et la route vers l'indépendance.

Sources, bibliographie et sitographie

Ouvrages et articles :

  • Durpaire François, Histoire des Etats-Unis, Que-Sais-Je, PUF, Paris, 2017 (3e édition)
  • Erzan Maurice, Histoire du Texas, L'Harmattan, Paris, 1996
  • Hamnett Brian R., Histoire du Mexique, Perrin, Cambridge, 2009
  • Henneton Lauric, Atlas Historique des Etats-Unis, Autrement, Paris, 2019
  • Portes Jacques, Histoire des Etats-Unis de 1776 à nos jours, Armand Colin, Paris, 2017 (3e édition)

Articles internet :

Sites internet :

  • The Alamo (site touristique et historique officiel - en anglais): https://www.thealamo.org/

Vidéos YouTube:

 

Crédits images :

1) Mort Kunstler, Fall of the Alamo (peint en 1988 et imprimé en 2006), disponible sur : https://ashleyart.com/fall-of-the-alamo-by-mort-kunstler/
2) Carte du territoire du Mexique entre 1835 et 1846 avec une mise en valeur des mouvements séparatistes. Source inconnue, disponible sur : www.ameriquedusud.org/article-carte-du-mexique-decouvrez-le-mexique-du-nord-au-sud/
3) Portrait de Stephen F. Austin peint vers 1840 d'un auteur inconnu, disponible sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_F._Austin
4) Photographie, prise par Ronald Ellis Wade, d'une famille de colons anglo-américaines fraichement arrivée au Texas au début du XIXe siècle. Disponible sur : https://www.blurb.fr/b/750069-some-early-settlers-of-upshur-county-texas-by-ronal
5) Portrait de William Barret Travis, peint par Henry McArdle après sa mort à Alamo. Disponible sur : https://www.thoughtco.com/biography-of-william-travis-2136244
6) Portrait de Antonio Lopez de Santa Anna, peint par Manuel Paris (XIXe siècle), disponible sur : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Antonio_L%C3%B3pez_de_Santa_Anna,_siglo_XIX,_%C3%B3leo_sobre_tela.png
7) Carte du Texas, source inconnue, disponible sur : https://1836alamobattle.weebly.com/location.html
8) Uniformes des soldats mexicains durant la campagne de 1835-1836 repris lors d'une reconstitution. Source inconnue, disponible sur : https://www.pinterest.fr/pin/196751077459722666/
9) Plan de fort Alamo. Source inconnue, disponible sur : https://fr.maps-san-antonio.com/la-carte-de-fort-alamo
10) Portrait de James Bowie peint par George Peter Alexander Healy entre 1831 et 1834, disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jimbowie.jpg
11) Portrait de David Crockett réalisé par James Hamilton Shegogue en 1831, disponible sur  : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Portrait_of_David_Crockett,_1831.jpg
12) Gary Zaboly, Travis' Line (1988), disponible sur : https://truewestmagazine.com/down-to-the-last-moccasin/
13) Escalade d'un des murs d'Alamo par un auteur inconnu. Disponible sur  : https://texasproud.com/texas-battle-of-the-alamo/
14) The Fall of the Alamo ou Crockett's Last Stand par Robert Jenkins Onderdonk (v1903), disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:FalloftheAlamo.jpg
15) Mort de Davy Crockett dans le film The Alamo de John Lee Hancock (2004). Disponible sur : https://www.ebay.com/itm/264542408943
16) Photographie de Samuel Houston prise par Mathew Brady, date inconnu, disponible sur : https://www.britannica.com/biography/Sam-Houston
17) Charge texane durant la bataille de San Jacinto, source inconnue, disponible sur : https://dccalamity.blogspot.com/2017/04/remembering-san-jacinto-day.html
18) Affiche de Reynold Brown réalisée pour le film The Alamo de John Wayne de 1960, dispnoble sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_Alamo_1960_poster.jpg
19) Ruines touristiques de fort Alamo, source inconnue, disponible sur : https://www.dreamstime.com/stock-image-alamo-tourism-hdr-san-antonio-texas-very-busy-tourist-destination-image40295601

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire