Le calendrier grégorien

Lorsque l'homme s'est sédentarisé et a commencé à former les premiers hameaux et sociétés organisées, il était devenu impératif de pouvoir contrôler le temps, de connaître les évolutions climatiques pour l'agriculture et le temps pour les activités humaines. C'est pour répondre à ces préoccupations que sont nés les calendriers. Le temps devient un objet rationnel, il est divisible en différentes unités homogènes qui s'imbriquent et se combinent. Le calendrier moderne, dit grégorien en Europe et dans la grande majorité des pays du monde, est la matérialisation de ce désir de contrôle. Il est le successeur d'un grand nombre de calendrier, à la fois civils, agricoles, militaires et religieux dont les origines remontent à la Rome antique. Mais pourquoi notre fait-il 365 jours, les mois 30 ou 31 jours et février seulement 28 ? Comment l'homme a-t-il apprivoiser le temps, par quels processus et quelles évolutions ?

 

Pape gregoire xiii

Pape Grégoire XIII, à l'origine du calendrier grégorien

Aux origines : le calendrier julien

En 45 avant notre ère, Jules César invente le calendrier julien. Il est le résultat d’une recherche ininterrompue pour faire correspondre le temps des activités humaines, en particulier celui de l’agriculture, et le temps naturel (saisons, cycles solaires et lunaires).

Le premier calendrier romain a été créé, selon la légende, par Romulus à la fondation de Rome en 753 avant notre ère. Au départ, il était composé de 10https://lewebpedagogique.com/histoiregeoeurope/files/2011/02/Jules_cesar.jpg mois de 29 ou 31 jours et commençait en mars, également début de la saison de la guerre, qui prenait fin en octobre, et se terminait en décembre. Les mois de janvier et février sont des créations postérieures. En 153 avant J.-C, le début de l’année passe en janvier pour faire correspondre année civile et entrée en fonction des consuls, grands magistrats de la Rome antique. Les modifications cessent ensuite jusqu’à Jules César (buste ci-contre). Cependant, l’année civile est plus courte de 10 jours que l’année solaire. Un mois intercalaire, de 22/23 jours est inventé et mis vers la fin du mois de février une années sur deux afin de compenser le décalage. L’application de ce mois intercalaire devient rapidement un outil politique afin de maintenir un consul, dont la charge ne dure qu’un an, plus longtemps en poste. Jules César met fin à ce principe en 45.

Il demande à l’astronome Sosigène d’Alexandrie de calculer précisément l’année solaire, ou plutôt l’année tropique, c’est-à-dire le temps séparant deux équinoxes de printemps ou d’automnes. L’équinoxe est un repart idéal car il y a exactement 12 heures de soleil et 12 heures de nuit. Selon les calculs de l’astronome, l’année tropique compte environ 365,2421 jours, soit environ 365 jours et un quart. En se basant sur le calendrier romain de l’époque, Jules César crée 12 mois de 30 et 31 jours, ce qui fait 365 jours, et y ajoute une année bissextile tous les 4 ans pour correspondre aux minutes supplémentaires. L’année romaine correspond ainsi à l’année solaire. Pour remercier son créateur, le Sénat renomme le septième mois de l’année, Quintilis (au départ le cinquième d'où son nom), en mois de Jules, Iulius (ce qui a donné juillet). Malgré la réforme, la création des années bissextiles et le passage entre l’ancien et le nouveau calendrier ont occasionné un nouveau décalage. Celui est gommé par le successeur de César, Auguste, en 8 avant notre ère. Pour commémorer l’action d’Auguste, le 8e mois, Sextilis devient Augustus (août). C’est la dernière modification du calendrier dit julien, l’honneur de son créateur.  

 

Pourquoi changer ?

Malgré les réformes de Jules César et d’Auguste, le calendrier julien n’est pas fidèle à 100 % à l’année tropique. En effet, le fait d’avoir choisi comme base 365,25 jours au lieu des 365,2421, a créé un déficit de 11 minutes. L’année tropique se termine ainsi plus tôt que l’année civile. L’accumulation de ce délai a fait passer les minutes en heures puis en jours, ce qui occasionne de nombreux problèmes, notamment pour les fêtes chrétiennes. En effet, ces dernières se sont inspirées du calendrier julien pour position les fêtes religieuses, en particulier la Pâques qui doit avoir lieu le dimanche après la pleine qui suit l’équinoxe de printemps (entre le 15 et 20 avril), instaurée lors du concile de Nicée en 325. Cependant, depuis cette date, le décalage de 11 minutes s’est accumulé et au XVIe siècle, il est de 11 jours. Lors du concile de Trente (1545 – 1563), les membres de l’Église catholique font le constat du danger que ce décalage présente. S’il continue, la date de l’équinoxe sera de plus en plus tôt et avec elle celle de la Pâques qui sera, à terme, en décembre et avant Noël, un contresens pour une fête qui célèbre la résurrection du Christ. Mission est alors ordonné au pape Grégoire XIII (intronisé en 1572), de trouver une solution.

 

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Grégoire XIII, par Lavinia Fontana (15552-1614)

Changements apportés par le pape Grégoire XIII

En 1582, après de longues études par des mathématiciens et astronomes, le pape présente le nouveau calendrier. Afin de compenser le retard de 11 jours, il décide de les supprimer du calendrier. Le lendemain du 4 octobre, jour d’adoption du projet, est non pas le 5 mais le 15. Les scientifiques établissent aussi que tous les 384 ans, l’année tropique a 3 jours d’avance. Grégoire XIII annonce alors que les années séculaires qui ne seront pas divisibles par 400 (384 est arrondie à 400 par commodité) ne commenceront pas par une année bissextiles. Ainsi, sur cette période, 3 jours sont enlevés pour correspondre à l’année tropique. 1700, 1800 et 1900 sont les premières années séculaires à avoir adopté ce système. 1600 et 2000 en sont exemptés car divisibles par 400. 

La réforme est adoptée par l’Église catholique immédiatement, ainsi que les États ibériques et les États pontificaux. L’aide apportée par le pape Grégoire est telle que son œuvre est appelée le calendrier grégorien.

391px inter gravExtrait première page du traité sur la réforme du calendrier grégorien

 

Diffusion dans le monde du calendrier grégorien

La réforme du calendrier grégorien se propage ensuite progressivement au reste de l’Europe. La France l’adopte le 9 décembre 1582 mais la plupart des États protestants, notamment les États allemands au XVIIe siècle lors des guerres de Religion, attendent le XVIIIe siècle pour l'appliquer. Selon Johannes Kepler (ou Voltaire), les Anglais, qui n’appliquent le calendrier grégorien justement qu'au XVIIIe siècle, auraient « préféré être un désaccord avec le Soleil, qu’en accord avec le pape ». La Russie fait partie des derniers à rejoindre le reste de l'Europe. Elle ne le fait qu’en 1918 grâce à l’action des Bolcheviks qui ont pris le pouvoir et pour abolir encore plus la culture tsariste qui utilisait le calendrier julien. Toutefois, l’histoire a retenu les dates juliennes des révolutions de 1917. Après la fin de l’URSS en 1991, la Russie préserve le calendrier grégorien.

Malgré la présence majoritaire du nouveau calendrier en Europe, il existe encore et toujours des résistances, notamment au sein des Églises orthodoxes nationales qui utilisent le calendrier julien, comme celle de Grèce, de Russie ou de Macédoine. Dans le reste du monde, il existe une grande variété de calendriers tels le calendrier arabe, dit hégirien, qui démarre en 622 avec l’Hégire, ou le calendrier chinois. L’Arabie Saoudite, la Chine ou d'autres, ont cependant fait le choix d’appliquer le calendrier grégorien pour les échanges économiques et les relations diplomatiques afin de faciliter les démarches. Au niveau national, les situations sont très diverses et les calendriers traditionnels sont parfois préservés. C’est pour cette raison que l’on retrouve l’application du Ramadan ou du Nouvel an chinois dans des pays au calendrier grégorien comme la France ou les États-Unis.

 

 

Publié par Adrien RASATA le 26/11/2021

Sources et sitographie

Articles internet :

 

Vidéos YouTube :

  • 15 octobre 1582 : le passage du calendrier julien au grégorien par la chaîne Europe 1, mise en ligne le 15 octobre 2014 [en ligne] [visionnée le 25/11/2021]. Disponible sur : https://youtu.be/dwc4dzMv2K8
  • C’est pas sorcier – les Calendriers : ça date ! par la chaîne C’est pas sorcier, mise en ligne le 23 mai 2013 [en ligne] [visionnée le 25/11/2021]. Disponible sur : https://youtu.be/de4w6IJiZEs
  • Comment a été inventé le calendrier ? par la chaîne Survol d’Histoire, mise en ligne le 3 mars 2017 [en ligne] [visionnée le 25/11/2021]. Disponible sur : https://youtu.be/xJA3ZvmPW_M  
  • Julie Payette nous parle du calendrier grégorien par la chaîne Centre des sciences de Montréal Science Centre, mise en ligne le 4 mars 2016 [en ligne] [visionnée le 25/11/2021]. Disponible sur : https://youtu.be/RmgE-haVzxU

Crédits images :

1) Gravure du pape Grégoire XIII, XVIIe siècle, auteur supposé :Esaias van Hulsen. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pope_Gregory_XIII.jpg
2) Buste de Jules César. Sculpteur inconnu. Disponible sur : https://lewebpedagogique.com/histoiregeoeurope/category/college/01-sixieme/page/3/
3) Portrait de Grégoire XIII par Lavinia Fontana, fin XVIe - début XVIIe siècle. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gregory_XIII.jpg
4) Extrait de la première page du traité sur la réforme du calendrier grégorien. Grégoire XIII. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Inter-grav.jpg

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