Bertrand du Guesclin

Bertrand du Guesclin fait partie des grands noms qui ont marqué l’histoire de France, en particulier celle de la guerre de Cent ans où se sont affrontées la France et l’Angleterre. Fils de la noblesse bretonne, il s’est hissé à la force de ses bras et de ses compétences de guerrières et stratèges jusqu’au plus haut sommet de la chevalerie en devenant le chef des armées royales. Il fut rejeté pour son physique mais adulé pour ses prouesses. Il fut considéré comme l’un des plus preux chevaliers de l’histoire, au côté de grands comme Hector ou bien Alexandre en son temps. Voici l’histoire de Bertrand du Guesclin, un héros breton au service de la France.

Bertrand du guesclin dessin

Bertrand du Guesclin par Alphonse de Neuville (1894)

L’enfant mal-aimé devenu chevalier

Bertrand du Guesclin naît vers 1320 aux alentours de Dinan dans une famille de la petite noblesse. Bertrand du guesclin jeuneMalgré son statut de fils de seigneur, son père, Robert II du Guesclin, l’éloigne du reste de la famille à cause de son physique. En effet, Bertrand était jugé comme l’enfant le plus laid de Dinan. Sa petite taille, son aspect trapu et sa tête ronde et grosse, sans parler d’une couleur de peau plus sombre que le reste de la population, en font un paria au sein de sa famille. Il n’a pas le droit de manger à la même table et ne reçoit pas une éducation aux armes lui refusant ainsi un avenir en tant que chevalier. Finalement, il est envoyé chez son oncle, qui s’appelle également Bertrand du Guesclin, où il reçoit une instruction aux lettres et aux chiffres pour qu’il soit quand même digne de son statut de noble.

En 1337, à l’occasion du mariage de Jeanne de Penthièvre avec Charles de Blois, un immense tournoi de chevalerie est organisé à Rennes. Contre toute attente, Bertrand est interdit de participer. Mais grâce à son cousin, il revêt son armure et peut concourir. Malgré l’absence d’une éducation aux arts martiaux, il parvient à défaire une douzaine de chevaliers et se retrouve à combattre son père en combat singulier. Refusant d’affronter ce dernier, il jette ses armes, relève son casque et dévoile son identité jusque-là cachée, déclenchant la stupeur de l’assistance, en particulier celle de son père. Reconnaissant la bravoure de son fils, il décide de le soutenir financièrement, pour que ce dernier achève son rêve de devenir chevalier. Le fils renié était désormais l’honneur de la famille. Pour se faire connaître, il adopte comme blason un aigle noir à deux têtes sur fond blanc barré d’une bande rouge.

 

La guerre de Succession de Bretagne

En 1341, le duc de Bretagne Jean III décède sans descendance. La succession est alors contestée entre les prétentions de Jeanne de Penthièvre, nièce de Jean III, et celles de Jean de Montfort. Jeanne peut compter sur le soutien de son mari, Charles de Blois qui est aussi le neveu de Philippe VI, le roi de France. Pour sa part, Jean de Montfort obtient celui du roi d’Angleterre Edouard III. Débute alors la guerre de Succession de Bretagne (1341 – 1364).

Bertrand du Guesclin s’engage auprès de Jeanne de Penthièvre, sa suzeraine directe. Avec une troupe de quelques centaines d’hommes, il entame une guerre de guérilla contre les troupes de Montfort et des Anglais. Il obtient très vite l’attention des seigneurs bretons après la prise du château de Grand-Fougeray en 1354. Au cours du siège, du Guesclin reçoit l’information selon laquelle le château a besoin de bois et qu’il a passé commande auprès de ses alliés. Avec une poignée d’hommes, ils se déguisent en bûcherons et s’avancent jusqu’à la grande porte. Une fois entrés, du Guesclin déclenche son piège et envahit le château. En 1357, il participe également à la défense de Rennes, alors assiégée par les troupes anglaises du duc de Lancaster.

Du guesclin a fougeray

Illustration de la bataille du Grand-Fougeray où du Guesclin s'infiltre dans le château en tant que bûcheron

La même année, ou en 1359, il défend le château de Dinan contre les Anglais. Durant le siège, il parvient à négocier une Bertrand du guesclin dinan thomas cantorberytrêve d’une quinzaine de jours. Profitant de cette accalmie, son frère Ollivier sort des remparts et inspecte les alentours. Il est alors remarqué par Thomas de Cantorbéry qui le capture et demande une rançon à Bertrand. Furieux contre la capture de son frère en pleine trêve, Bertrand défie en duel l’Anglais. L’événement se fait connaître et une joute est organisée, rassemblant aussi bien les soldats des deux camps que les nobles locaux. Le duel commence mal pour le Breton qui est désarmé mais il parvient ensuite à mettre à terre son adversaire, à le désarmer et à rouer de coups son visage avec le pommeau de sa dague. Il obtient sa reddition et se fait désigner vainqueur. Il retrouve son frère et le siège de Dinan est levé. C’est également au cours de ce duel qu’il s’attire les faveurs d’une dame, Tiphaine Raguenel, connue pour sa beauté et son intelligence, qu’il épouse finalement en 1361.

L’ensemble des nombreuses opérations menées par du Guesclin ont fait de se dernier une légende pour le camp de Penthièvre et un cauchemar pour ses opposants. Ses embuscades dans l’est de la Bretagne font que les Anglais et Bretons ont fini par l’appeler le « Dogue noir de Brocéliande ». C’est aussi au cours de cette guerre que le chef de troupe obtient enfin le titre convoité de chevalier, au début des années 1350. Une fois chevalier, il adopte une devise aujourd’hui célèbre « Le courage donne ce que la beauté refuse ». Il construit également des liens avec d’autres nobles bretons mais également au-delà car il rencontre le roi de France Jean II le Bon mais surtout son fils, le dauphin Charles, futur Charles V, à Melun en 1359.

La guerre de Succession de Bretagne prend finalement fin en 1364, à la bataille d’Auray. Du Guesclin participe au combat où il rencontre un autre chef de guerre qui est entré dans l’histoire, Olivier de Clisson. La bataille se finit en défaite pour le camp Penthièvre après la mort de Charles de Blois. Jean de Montfort est alors fait duc de Bretagne. Mais entre-temps, l’épée de du Guesclin s’est aussi mise au service du roi de France.

Bataille d auray

Enluminure représentant la bataille d'Auray. On voit l'emblème de du Guesclin à droite.

Au service du roi de France

Ses exploits guerriers lui octroient les faveurs du dauphin Charles. En 1360, il est fait lieutenant du roi en Normandie, c’est-à-dire le chef des armées locales, et organise les combats contre les troupes anglaises. Il est également nommé capitaine de Pontorson et du Mont-Saint-Michel.

En 1364, il est au côté de Charles lorsque celui-ci devient roi de France en avril. Lorsque ce dernier voit sa légitimité contesté par le roi de Navarre Charles le Mauvais, il envoie son fidèle lieutenant pour mater l’opposition. La bataille a lieu à Cocherel, en Normandie, et c’est un nouveau succès pour Bertrand du Guesclin. Sa position comme l’un des champions de France est désormais assurée.

 

Les campagnes de Castille

Du guesclin et trastamareLes troubles en Bretagne étant terminés, le roi de France tourne désormais son attention sur la Castille. Cette dernière est elle aussi empêtrée dans une guerre, civile cette fois. Elle oppose deux frères, Henri de Trastamare et Pierre le Cruel, roi de Castille. La France se range du côté de Trastamare tandis que l’Angleterre prend le parti de Pierre. Avec une armée de 30 000 mercenaires, regroupés dans les Grandes Compagnies, du Guesclin est mandaté par le roi de France pour venir en aide à Trastamare en 1365. De son côté, Pierre obtient l’envoi d’un corps expéditionnaire anglais mené par le Prince noir, Edouard de Woodstock, le fils aîné d’Edouard III.

Après deux ans d’affrontements, les deux armées se font finalement face à Nájera en 1367. Cette fois, les troupes franco-espagnoles s’inclinent et du Guesclin est capturé par le Prince noir qui demande une rançon au roi de France, pour le commandant et ses hommes. Cette derrière était de 100 000 livres, une somme qui fut demandée par du Guesclin lui-même, pensant qu’elle correspondait à sa valeur. Après négociations, elle fut abaissée à 60 000 livres, payées par le roi et l’épouse du Prince noir qui était une admiratrice du Breton.

Une nouvelle expédition est lancée en 1369. Elle se conclut par une victoire à la bataille de Montiel. Du Guesclin peut cette fois rentré en vainqueur. Pour ses services, il reçoit le titre de duc de Molina de la part de Henri de Trastamare, désormais Henri II de Castille.

 

Bertand du Guesclin et Henri de Trastamare

 

Du Guesclin, connétable de France

Une fois revenu en France, Bertrand du Guesclin est fait connétable de France, c’est-à-dire le commandant-en-chef de toutes les armées de Charles V (enluminure ci-contre). A peine entré en fonction, s’attarde à organiser la reconquête des terres perdues à l’ouest en 1360 au traité de Brétigny. Du guesclin au service du roi de francePour ce faire, il reprend les tactiques qui ont marché pendant la guerre de Bretagne : le combat en petits groupes, par des attaques éclair et la ruse. Lors du siège de Niort de 1373, avec une poignée d’hommes il se fait passer pour des soldats anglais en utilisant leurs uniformes et pénètrent dans la forteresse. Avec ses stratégies, du Guesclin parvient à reprendre la Normandie mais aussi la Saintonge, le Poitou et la Guyenne. En récompense, il est fait seigneur de Pontorson en 1376.

Mais alors qu’il est connétable, de nouveaux troubles émergent en Bretagne. En effet, Jean de Montfort a choisi d’affirmer encore plus son soutien aux Anglais en laissant une petite armée anglaise débarquer à Saint-Malo en 1373, résultant en une révolte des seigneurs de Bretagne dont Jeanne de Penthièvre. Charles V envoie donc une armée pour bouter l’Anglais hors de Bretagne. Défait, le duc Jean s’exile en Angleterre. De plus, contre l’avis des seigneurs bretons, Charles annexe sans autre forme de procès la Bretagne. Cependant, ce n’est pas au goût de ces mêmes seigneurs qui rappellent Jean de Montfort. Avec une petite armée, il débarque en 1379 dans le port de Dinard. Du Guesclin est alors le chef de la garnison. Il est sommé par le roi Charles de repousser le débarquement. Mais contre toute attente, du Guesclin ne fait rien et laisse Jean de Montfort reprendre son duché. Il se trouve que sa suzeraine directe, Jeanne de Penthièvre, est cette fois alliée à Jean de Montfort. Du Guesclin a fait le choix de maintenir sa loyauté auprès de la maison de Penthièvre plutôt qu’au roi de France. Ce qui lui vaut une accusation de trahison de la part du roi. Il est finalement gracié grâce à l’entremise de courtisans qui ne veulent pas perdre un si bon commandant. De son côté, du Guesclin, à qui le dilemme a été dur à trancher, pense à redonner son titre de connétable au roi et partir retrouver Henri de Trastamare en Castille, ce qu’il ne fait finalement pas.

Portrait du guesclin

Portrait anonyme de Bertrand du Guesclin avec l'épée de connétable

La fin tragique d'un grand guerrier

En 1380, les Grandes Compagnies ravagent les campagnes du royaume de France. Charles V envoie du Guesclin mater ces forces de brigands qui sévissaient alors en Auvergne. Elles se sont retranchées au sein de Châteauneuf-de-Randon, qui est assiégé par du Guesclin. Alors que les mercenaires sont sur le point de se rendre, le connétable tombe malade. Alité dans sa tente, il rassemble ses lieutenants et après quelques jours, il s’éteint le 13 juillet 1380. Selon la légende, du Guesclin serait allé se rafraîchir après une journée marquée par de fortes chaleurs à une source dont l’eau était très fraiche. Le choc thermique aurait eu raison du grand guerrier.

Mort de du guesclin a chateauneuf de randon

Mort de du Guesclin au siège de Chateauneuf-de-Randon en 1380, peint par Jean d'Wavrin (XVe siècle)

 

La légende de Bertrand du Guesclin

La mort de Bertrand du Guesclin a marqué son époque. Après la nouvelle de l’événement, Charles V envoie une missive pour que le corps de son connétable soit ramené à Paris et enterré à la basilique royale de Saint-Denis. Cependant, du Guesclin avait fait le vœu d’être enterré sur Gisant de du guesclinsa terre natale de Bretagne. Mais au cours du voyage, la chaleur de l’été fait pourrir le corps du soldat. Ses hommes décident alors d’embaumer les organes de leur commandant et de détacher les chairs du squelette en les faisant bouillir dans un chaudron. Alors que les entrailles sont enterrées à Montferrand, les chairs vont, elles, à l’église Saint-Laurent au Puy-en-Velay, sur le chemin du retour. Le cœur est mis à part et prend la route de Dinan. Pour ce qui est du squelette, il est emmené à Saint-Denis pour y être enterré à côté des rois de France, dans un gisant qui reprend les codes artistiques du temps. Le tombeau de Charles V, mort quelques temps après la même année, est placé à côté de celui de son connétable. Du Guesclin est Statue de bertrand du guesclin a dinan 1donc l’un des rares personnages de l’histoire a possédé quatre sépultures avérées. Malheureusement, celle de Dinan a depuis été détruit.

Malgré sa disparition, le nom de Bertrand du Guesclin est entré dans l’histoire. Il est parfois comparé à Jeanne d’Arc. D’enfant dont les traits physiques l’ont ostracisé de sa famille, ses talents guerriers lui ont ouverts les portes du combat et de la gloire, en Bretagne comme dans le reste de la France. Tant et si bien que son nom a traversé le temps et a vu une renaissance sous le Second Empire et la IIIe République, au moment où apparaît le roman national. Héros de la nation, il côtoie des noms comme Vercingétorix ou encore le Grand Condé, et incarne la bravoure et la loyauté dans les livres d’histoire des enfants. Bertrand du Guesclin n’est pas uniquement un nom ou une image dans un livre, il est également au cœur d’une immense œuvre publicitaire qui va jusqu’à des produits alimentaires à son nom, des monuments comme la tour Duguesclin de la Grand-Fougeray ou une statue à Dinan (photo à gauche). Il apparaît même sur la réplique de la tour Eiffel à Las Vegas. Il a été la source d’inspiration de nombreuses productions littéraires comme des poèmes chantés par les trouvères, par exemple Cuvelier entre 1380 et 1385 et Jean d’Estouteville au XVe siècle. En 1949, un film intitulé Du Guesclin est réalisé par Bertrand de Latour.

Publié par Adrien RASATA, le 15/08/2023

Sources

Articles et ouvrages :

  • Bove Boris, Le temps de la Guerre de Cent ans (1328-1453), Belin, Paris, 2014
  • Lemoine Jean. Du Guesclin armé chevalier.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1895, tome 56. pp. 84-89; doi : https://doi.org/10.3406/bec.1895.447813
  •  Raynaud, Christiane. “L’intégration à la cour de Bertrand Du Guesclin.” Dynamiques sociales au Moyen Âge, en Occident et en Orient, Presses universitaires de Provence, 2017, pp. 45–63, https://doi.org/10.4000/books.pup.6748.

Articles internet :

Articles Wikipédia :

Vidéos YouTube :

  • Bertrand du Guesclin, traître à la Bretagne ?, par la chaîne Istoerioù Breizh, mise en ligne le 21 mai 2018 [en ligne] [visionnée le 14/08/2023] Disponible sur : https://youtu.be/Pz9innrRmnY
  • Le chevalier Du Guesclin – Visites privées, par la chaîne Visites privées, mise en ligne le 28 février 2017 [en ligne] [visionnée le 14/08/2023]. Disponible sur : https://youtu.be/VshDA3tDigk
  • Le Chevalier le plus BADASS de la Guerre de Cent Ans (Du Guesclin), par la chaîne La Folle Histoire, mise en ligne le 9 août 2020 [en ligne] [visionnée le 14/08/2023]. Disponible sur : https://youtu.be/uFkTs8d6D2A

Crédits images :

  1. Gravure "Bertrand du Guesclin" par Alphonse de Neuville (1894). Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Du_guesclin_neuville.jpg
  2. Illustration de Bertrand du Guesclin. Auteur inconnu. Source inconnue. Disponible sur : http://www.infobretagne.com/duguesclin.htm
  3. Illustration de Paul de Semant sur l’infiltration de du Guesclin dans le château de la Grand-Fougeray. Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Paul_de_Semant_-_Bertrand_du_Guesclin_and_two_of_his_companions_disguise_themselves_as_woodcutters_to_capture_the_Castle_of_Grand-Fougeray_1354_-_(MeisterDrucke-117600).jpg
  4. Duel entre du Guesclin et Thomas de Cantorbéry illustré par Lucien Rousselot. Disponible sur : https://armeehistoire.fr/bertrand-du-guesclin/
  5. Bataille d’Auray, auteur inconnu, dans la Chanson de Bertrand du Guesclin, par Jean Cuvelier (fin XIVe siècle). British Museum. Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Battle_of_Auray.jpg
  6. Du Guesclin et Henri de Trastamare par Lucien Rousselot. Disponible sur : https://www.pinterest.fr/pin/henri-de-transtamare-et-du-guesclin-burgos-rousselot--315252042648426495/
  7. Bertrand du Guesclin, fait Connétable de France par le Roi Charles V. Auteur inconnu. Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Guesclin_retrato.JPG
  8. Portrait anonyme de du Guesclin portant l’épée de connétable. Source inconnue. Disponible sur : https://falbo.blogspot.com/2013/06/bertrand-du-guesclin-un-ephemere-comte.html
  9. Mort de du Guesclin au siège de Chateauneuf-de-Randon en 1380, peint par Jean d'Wavrin (XVe siècle) dans la Chronique d’Angleterre (livre 1, chapitre 17). Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Du_Guesclin_Death_02.jpg
  10. Gisant de Bertrand du Guesclin, connétable de Charles V. © Patrick Cadet - Centre des monuments nationaux. Disponible sur : https://www.tourisme93.com/basilique/bertrand-du-guesclin.html
  11. Statue de Bertrand du Guesclin à Dinan construite par Emmanuel Frémiet (1824 – 1910). Source Wikicommons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Du_Guesclin_Dinan.jpg
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