Expression : "bachi-bouzouks"
Première utilisation de l'expression par le capitaine Haddock dans l'album Le Crabe aux princes d'Or (1944, version couleur)
La grande imagination d’Hergé dans la création du capitaine Haddock, dans la série Tintin, a donné à la langue française un nombre incalculable de surnoms, tous plus fleuris les uns que les autres. Sans doute, l’une des plus célèbres est celle des bachi-bouzouks, aussi orthographiée bachibouzouks.
Ce nom n’est pas une invention de l’auteur mais celui d’une ancienne unité de cavaliers légers de l’armée ottomane. En turc, bachi-bouzouk veut dire : « mauvaise tête », « tête désorganisée » voire « tête déréglée ». Les bachi-bouzouks étaient une troupe de cavaliers mercenaires venus de tout l’empire ottoman, principalement de Turquie et du Moyen-Orient. Ils étaient spécialisés dans la reconnaissance, la récolte d’informations et, à l’occasion, le banditisme. Il s’agit d’une troupe légère, avec un armement uniquement composé d’un fusil et d’une épée, qui peut être accompagnée d’un poignard. Les hommes ne portent pas de cuirasse ou d’armure, afin d’être le plus rapide et discret possible. Leur statut de mercenaires, et le fait que certains soldats étaient d’anciens bandits, entraînent une discipline était des plus aléatoires, voire inexistante, au grand dam des sultans ottomans et des officiers.
Pour rajouter à ce désordre, les soldats n’avaient pas d’uniformes ni d’armement réglementaires. Leurs habits, parfois en haillons, en faisaient une troupe à l’allure fantomatique et effrayante pour leurs ennemis et les populations civiles qu’ils persécutaient.
Ils furent surtout employés dans les Balkans, en particulier pour reconnaître le terrain avant l’arrivée de l’armée principale, contrôler et terroriser les populations chrétiennes de la région, par exemple durant la guerre de Crimée contre les Russes entre 1853 et 1856. Ils ont également participé directement aux combats comme lors du siège de Vienne de 1683. La cruauté des bachi-bouzouks s’est rapidement diffusée en Europe, notamment après la répression violente des indépendantistes bulgares en 1876, manifestant pour la reconnaissance d’un État et de la communauté slaves en Europe.
En souvenir de ces hommes, l’expression du capitaine Haddock sert aujourd’hui à désigner une personne idiote, abrutie, barbare, rustre et aux actions irréfléchies.
Un bachi-bouzouk, peint par Horace Vernet en 1860
Publié par Adrien RASATA le 09/01/2022
Sources
- Caroline D. (2010, 30 septembre). Caro(z)ine décortique la langue française : bachi-bouzouk [jurons du capitaine Haddock]. Carozine. [en ligne] Consulté le 9 janvier 2022, à l’adresse https://www.carozine.fr/expressions-vocabulaire/jurons-capitaine-haddock-bachibouzouk.html
- Secci, M. (2019, 17 décembre). Insultes du Capitaine Haddock : 10 de ses jurons préférés décryptés. La Liste. [en ligne] Consulté le 9 janvier 2022, à l’adresse https://laliste.net/insultes-du-capitaine-haddock-decryptees/
- TINTINOMANIA. (2018b, novembre 29). COUVERTURE HOMMAGE : BACHI BOUZOUKS. [en ligne] Consulté le 9 janvier 2022, à l’adresse https://tintinomania.com/tintin-couverture-hommage-bachi-bouzouks
- Wikipedia contributors. (2021b, octobre 28). Bachi-bouzouk. Wikipédia. [en ligne] Consulté le 9 janvier 2022, à l’adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Bachi-bouzouk
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