Biographie de Florence Nightingale

Au XIXe siècle, le monde médical est un monde d’hommes, où les femmes n’ont qu’un rôle d’assistantes, et souvent bénévolement en impliquant les ordres de religieuses. En Angleterre, la situation est pareille qu’ailleurs, même si le conservatisme des mœurs de l’époque victorienne s’affirment davantage. Dans ce contexte peu propice, une femme décide de mettre en valeur un nouveau métier, celui d’infirmière. Florence Nightingale, malgré son appartenance à la classe fortunée britannique, se met au service des autres en travaillant auprès des malades, allant même voir des soldats blessés. Son travail, aujourd’hui reconnu mondialement, a permis des avancées majeures, à la fois dans le domaine médical, mais aussi dans la professionnalisation des infirmières dont le métier est reconnu, rémunéré et fait l’objet d’une formation avec des écoles attitrées. Retour sur l’histoire d’une pionnière du milieu infirmier.

Portrait florence nightingale henry hering

Photographie de Henry Hering

Enfance et éducation

Florence naît à Florence, d’où son nom, le 12 mai 1820, dans une famille de la haute société britannique, alors en voyage en Italie. De retour en Angleterre, la famille s’installe à Lea Hurst dans le Derbyshire puis à Romsey dans le Hampshrire. Florence y reçoit une éducation conforme à son statut. Elle étudie avec son père les langues européennes, devient polyglotte, et apprend l’histoire et la philosophie. Comme ses parents, elle aime aider les autres, elle assiste ainsi, à l’occasion, ses parents pour donner du soin et du réconfort aux malades des environs. Lorsqu’une épidémie de grippe frappe la région en 1838, elle est la seule non-infectée et doit s’occuper de sa famille et de ses voisins, devenant alors une infirmière avant l’heure. C’est à ce moment qu’elle dit avoir entendu la voix de Dieu lui commandant de venir en aide aux autres.

Portrait de la jeune florence nightingale

Portrait de la jeune Florence Nightingale. Source : historything.com

Découverte du monde infirmier

En 1844, elle rencontre le médecin américain Samuel Gridley Howe à qui elle partage son projet de devenir infirmière, même si le métier ne convenait pas à l’époque pour une femme de la haute société. Contre toute attente, Howe la conforte dans son choix et l’encourage à poursuivre son rêve. Elle n’est cependant pas suivie par ses parents qui refusent à plusieurs reprises, en 1845 et 1846. En juin 1846, elle parvient pourtant à visiter l’hôpital de Christian von Bunsen de Londres où elle voit pour la première fois la réalité du monde médical et hospitalier.

L’année suivante, elle part en voyage pour plusieurs années à travers l’Europe. Elle y rencontre des médecins et s’informe sur le métier d’infirmière. En 1850, sur le chemin du retour, elle s’arrête à l’hôpital de Kaiserswerth, à Düsseldorf, où elle constate une remarquable gestion des malades par les diaconesses, des sœurs protestantes, qui lui donne de l’espoir dans le métier d’infirmière, encore à l’état embryonnaire en Angleterre. Elle fait un stage de trois mois dans l’hôpital où elle apprend les soins appropriés pour chaque maladie et publie un livre, The Institution of Kaiserswerth on the Rhine, for the Pratical Training of the Deaconesses. Lorsqu’elle rentre en Angleterre en 1852, elle parvient à obtenir l’accord de ses parents et débute le métier de ses rêves. Elle commence par faire des stages en Angleterre et en France avant de rentrer en 1853 à l’Institut pour les soins aux dames malades, un établissement qui aidait les femmes qui n’avaient pas suffisamment de sous pour se soigner par les moyens conventionnels. En 1854, elle entre à l’hôpital du King’s College de Londres.

L'expérience de la guerre de Crimée

La même année, elle lit les récits des combats de la guerre de Crimée (1853-1856), où sont impliquées les troupes anglaises. La très forte mortalité des soldats, plus souvent morts de blessures ou de maladies, surtout choléra et dysenterie, que des combats en eux-mêmes, lui fait prendre conscience de la nécessite d’une réforme des soins infirmiers militaires. Elle entre en contact avec des membres du gouvernement pour organiser l’envoie d’un corps d’infirmières sur place. Elle obtient le soutien de plusieurs ministres, lord Palmerston, ministre de l’Intérieur, lord Clarendon, ministre des Affaires Étrangères et Sidney Herbert, secrétaire d’État à la Guerre.

Avec 38 autres infirmières, elle part pour le front et débarque à Scutari (Üsküdar aujourd’hui, dans la ville d’Istanbul), lieu où se trouvait l’hôpital militaire, en octobre 1854. Florence découvre alors un hôpital bondé, un personnel insuffisant, un manque de médicaments et un traitement inefficace des malades qui meurent d’infections (choléra, gangrène, dysenterie), mélangés entre eux. Avec ses collègues, elle soigne les soldats mais surtout elle se met à assainir les lieux en aérant et en prodiguant un suivi des malades. Elle distribue de l’eau et couvre les hommes pour les protéger du froid. Après 18 mois de présence, le taux de mortalité passe de 40 % à 2 %. En plus des soins, elle apporte également un soutien moral et des distractions aux convalescents. Marchant avec une lampe, elle est parfois surnommée "la femme à la lampe". En 1855, un Fonds Nightingale est constitué en Angleterre afin de financer la mission médicale en Turquie.

Florence nightingale visitant des patients lors de la guerre de crimee 1

Florence Nightingale visitant des soldats blessés durant la guerre de Crimée ©Bridgeman / ACI

De retour en Angleterre à la fin de la guerre, elle est reçue en héroïne et obtient une audience avec la reine Victoria en 1857. Entre 1856 et 1858, elle entame une collaboration avec le ministère de la Guerre pour la création de la Commission royale pour la Santé de l’Armée. À travers un rapport de mille pages, elle explique les mesures nécessaires à appliquer pour préserver la vie des soldats et appuie son propos sur des statistiques, une première pour le monde médical. Férue de mathématiques depuis l’enfance, elle est maîtresse dans l’art d’utiliser les chiffres. C’est grâce à ce travail qu’elle devient la première femme à intégrer la Société de statistiques en 1860.

Diagramme des causes de la mortalite des soldats durant la guerre de crimee

Diagramme des causes de mortalité chez les soldats durant la guerre de Crimée, produit par Florence Nightingale
Florence Nightingale Museum, Londres

Écoles d’infirmières et postérité

En 1860, elle crée l’École de formation Nightingale (Nightingale Training Shcool) à l’hôpital Saint-Thomas à Londres, pour permettre aux femmes d’apprendre le métier d’infirmière en seulement un an. En 1869, elle fonde le Women’s Medical College. En 1860, son livre Notes of Nursing fait part de ses conclusions à la suite de la guerre de Crimée. Ses travaux sont traduits en différentes langues et attirent des médecins du monde entier. Ses méthodes arrivent par exemple aux Etats-Unis et au Japon au cours des années 1870, grâce à l’œuvre d’une de ses élèves, Linda Richards, première infirmière de formation en Amérique.Florence nightingale avec ses eleves infirmieres

Florence Nightingale (au milieu au centre) avec ses élèves infirmières

Pour récompenser sa contribution au domaine médical, militaire comme civil, la reine Victoria lui décerne la Royal Red Cross en 1883Medaille florence nightingale ainsi que la croix de l’Ordre du Mérite en 1907. En 1908, elle reçoit l’Honorary Freedom of the City of London. Un musée est inauguré en son nom à l’hôpital Saint Thomas et une statue a été érigée en 1915 sur la place Waterloo de Londres.

Elle meurt finalement en 1910 de maladie, sans doute contractée pendant la guerre et aggravée par la fatigue. Depuis une vingtaine d’années, elle était fréquemment alitée mais continuait à offrir son soutien à ses élèves et patients.

Son travail a permis la reconnaissance et la professionnalisation du métier d’infirmière, ainsi que des avancées majeures dans le contrôle de l’hygiène des hôpitaux. En souvenir de son dévouement, est créée en 1912, la médaille Florence Nightingale de la Croix-Rouge (reproduction ci-contre) pour récompenser les infirmières et infirmiers exceptionnels. Son école de formation pour femme existe toujours et a pris le nom de Florence Nightingale School of Nursing and Midwifery (École d’infirmières et sage-femmes).

Depuis 1965, le 12 mai, jour de naissance de Florence Nightingale, est déclaré Journée internationale des infirmières.

En plus de traités médicaux, Florence Nightingale publie également des écrits féministes regroupés sous le titre, Suggestions d'idées adressées aux personnes en quête de vérité religieuse, en partie publiés, afin de faire reconnaître la capacité des femmes à agir et vivre par elles-mêmes. Cassandra, l’un des livres composant son œuvre féministe, met par exemple en exergue cette infantilisation de la femme anglaise de la fin du XIXe siècle.

La dame a la lampe henrietta rae 1

Florence Nightingale, représentée dans La "dame à la lampe" par Henrietta Rae

 

 

Publié par Adrien RASATA le 27/12/2021

Sources et sitographie

Articles internet :

Vidéos YouTube :

  • Florence Nightingale Revolutionizes Nursing (feat. Minka Kelly) - Drunk History par la chaîne Drunk History, mise en ligne le 29 juillet 2019 [en ligne] [visionnée le 27/12/2021]. Disponible sur : https://youtu.be/bOGSRJ1_7DI

Crédits images :

1) Portrait de Florence Nightingale par Henry Hering, vers 1860. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Florence_Nightingale_(H_Hering_NPG_x82368).jpg

2) Portrait de Florence Nightingale, Auteur inconnu. Disponible sur : https://historythings.com/florence-nightingale-lady-lamp/

3) Tableau représentant Florence Nightingale visitant des soldats blessés à Scutari, Bridgeman / ACI, Disponible sur : https://historia.nationalgeographic.com.es/a/florence-nightingale-heroina-hospitales_14173

4) Diagramme représentant les causes de mortalité chez les soldats durant la guerre de Crimée par Florence Nightingale dans son rapport d’après-guerre. Disponible sur : http://bigbangdata.somersethouse.org.uk/florence-nightingale-a-data-pioneer/

5) Photographie de Florence Nightingale entourée de ses élèves. Auteur et date inconnus. Disponible sur : https://historythings.com/florence-nightingale-lady-lamp/

6) Médaille Florence Nightingale décernée par le Comité international de la Croix-Rouge. Disponible sur : https://gmic.co.uk/topic/53584-florence-nightingale-medal-several-case-studies/

7) Florence Nightingale, représentée dans La dame à la lampe, de Henrietta Rae. Disponible sur : https://dailygeekshow.com/florence-nightingale-infirmiere/

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