La conquête du Mexique par Cortés
Tenochtitlan (prononcé ténochetitlanne), fut la grande capitale de l’empire aztèque. Peuplé de plusieurs millions d’âmes, il était la grande force de l’Amérique centrale. Mais en 1519, tout change avec l’arrivée des Espagnols, menés par le capitaine et conquistador Hernán Cortés. Ce dernier, avide d’aventures, d’espaces et à la recherche de fortune, n’a pas hésité à mettre l’empire à feu et à sang. Voici l’histoire de la conquête par les Espagnols de ce qui deviendra le Mexique.
Hernán Cortés recevant la reddition de l'empereur Cuauhtémoc après la chute de Tenochtitlan en août 1521
Hernán Cortés, un ambitieux notaire devenu conquistador
Portrait anonyme de Hernán Cortés
Hernán Cortés naît en 1485 à Medellin en Espagne. Il est le fils d’un hidalgo, un membre de la petite noblesse espagnole. Hernán reçoit une éducation de qualité qui l’amène à se tourner vers le métier de notaire. En 1504, sa carrière le fait voyager jusqu’à Hispaniola, aujourd’hui Haïti, la première possession espagnole des Antilles après sa découverte par Christophe Colomb en 1492. En 1511, il participe à la conquête de Cuba et se rapproche du gouverneur Diego Velasquez. Son talent de secrétaire et notaire le fait remarquer et finalement, en 1519, il est missionné comme alcade, ou magistrat de la couronne, lors d’une expédition, organisée le 18 février par Velasquez, pour découvrir les côtes occidentales des Caraïbes, aujourd’hui la côte est du Mexique avec notamment le Yucatán.
Cependant, Hernán est un homme ambitieux et à 33 ans, il rêve de gloire. Il a pour projet de transformer l’expédition en conquête militaire afin de faire entrer son nom dans l’Histoire. Pour cela, avec les fonds de Velasquez, sans lui en dire mot, il lève une véritable armada. En tout, ce sont 11 navires, transportant 530 hommes avec des arquebuses, des canons, des chiens de guerre ainsi que des chevaux. Lorsque Velasquez comprend que Cortés cherche à outrepasser ses prérogatives et veut le remplacer par quelqu’un de confiance, il ne peut qu’observer le départ, en avance, de l’armada pour ce qui va se transformer en la conquête d’un empire.
Premiers contacts et découverte du pays aztèque
La première étape du voyage de Cortés le fait longer le Yucatán, territoire des Mayas, et l’amène sur l’île de Cozumel, à l’est de la péninsule du Yucatán. En plus de se ravitailler, Cortés y fait la découverte d’un étrange personnage local qui vient leur parler dans un espagnol, le castillan plus précisément, impeccable. Au cours de la conversation, les conquistadors découvrent qu’il s’agit d’un Espagnol, tout comme eux, qui s’était échoué lors d’une précédente expédition. Avec un autre homme, ils sont les derniers survivants. Son nom, c’est Geronimo de Aguilar. Aguilar a appris la langue maya et il devient très vite un élément vital de l’expédition en prenant le rôle d’interprète.
L’expédition poursuit ensuite son cours en cabotant le long de la côte. Ils accostent finalement à Potonchan le 24 mars 1519. C’est au cours de ce débarquement qu’ils sont accueillis par les Mayas locaux, armés jusqu'aux dents. Bien que moins nombreux, la puissance de feu et la supériorité des armures et armes espagnoles leurs octroient la victoire. En face, les Mayas en sont encore aux arcs, flèches et épées en obsidienne, de moins bonnes qualités que ce que les Espagnols possèdent. Enfin, les chevaux, des animaux inconnus sur le continent, terminent de créer la panique sur place. Les Espagnols apparaissent comme des géants et la brutalité de la cavalerie détruit les maigres défenses. C’est un massacre pour les autochtones qui doivent reconnaître la suprématie des étrangers.
C’est peu après cette victoire de Potonchan que Cortés commence à prendre confiance dans la réussite de son expédition. Celle-ci est renforcée par l’arrivée d’une jeune femme, une esclave, qui fait partie des offrandes mayas pour les conquistadors. Elle s’appelle Malinalli (Malintzin en langue aztèque, représentée ci-contre par un auteur anonyme au XXe siècle). Elle est née dans un lointain pays dominé par les Aztèques et fut vendue aux Mayas comme esclave. Elle connaît le nahautl, la langue des aztèques, et elle devient interprète pour les Espagnols. Elle traduit en maya puis Aguilar traduit à Cortés. Très vite, elle apprend l’espagnol et se rapproche de Cortés qui lui donne un nom chrétien, Doña Marina. Elle est aussi connue sous le nom de Malinche (prononcée Malinnetché). Par la suite, elle devient sa maîtresse puis sa femme. Elle a un enfant avec lui, qu’il reconnait et nomme Martín, considéré comme le premier métisse de la colonisation mexicaine.
C’est après sa victoire à Potonchan que Cortés voit arriver un émissaire. Il dit venir de la cité de Tenochtitlan, plus en avant dans les terres, et parle au nom du tlatoani (littéralement, celui qui parle, un titre d’importance associé à celui de l’empereur) Moctezuma II. Il offre des cadeaux pour le départ des Espagnols, dont des présents en or, ce qui attise la curiosité des nouveaux venus. Mais lors des négociations, Cortés entend parler des richesses de Tenochtitlan. Selon les mots du messager, la ville serait faite d’or. Les bâtiments seraient si hauts, qu’ils toucheraient les nuages, avec des toits recouverts d’or. Désormais intéressés, les conquistadors refusent de partir et partent même en direction de la capitale aztèque.
La marche sur Tenochtitlan
La route pour Tenochtitlan commença par l’installation en juin 1519 d’une colonie espagnole sur la côte, Villa Rica de la Vera (aujourd’hui Veracruz). Une petite ville émerge et c’est à ce moment que l’expédition prend une nouvelle tournure. Certains conquistadors comprennent que Cortés ne respecte pas les plans de Velasquez et désire profiter des richesses du pays pour son compte. Un petit groupe d’hommes tentent alors de quitter Veracruz pour rejoindre Cuba. Ils sont malheureusement interceptés et exécutés. Cependant, Cortés constate l’emprise fragile qu’il a sur ses hommes. Il prend alors deux décisions. La première, il organise des élections où il est élu capitaine-général, c’est-à-dire qu’il a pleine autorité sur l’expédition, dont le droit de conquête, adelantado, conformément à la loi espagnole. En véritable expert du droit notarié, il met ainsi la loi derrière lui. La seconde, il fait brûler (ou échouer selon les versions) ses bateaux dans le port de Veracruz en août 1519. De la sorte, ses hommes ne peuvent plus que le suivre.
Une fois l’établissement de Veracruz pérennisé, Cortés et 300 à 400 hommes partent pour les terres aztèques. En chemin, ils apprennent mille et une chose sur les sociétés locales. Déjà, le propre nom de ces peuples mésoaméricains. Ils se font appelés Mexicas et non Aztèques, ce dernier nom n’apparaît que bien plus tard et de la bouche des Espagnols. L’empire aztèque regroupe différents peuples conquis depuis la fondation de Tenochtitlan, actuelle Mexico, en 1325. Les peuples soumis doivent des tributs aux Aztèques et les tensions sont nombreuses dans la région, notamment avec des peuples comme les Tlaxcalas (ou Tlaxcaltèques suivant les traductions) et les Totonaques.
Rencontre entre Cortés et les Tlaxcalas (ou Tlaxcaltèques). La Malinche (au centre) sert d'interprète entre les deux peuples
Le premier affrontement entre les Aztèques et les Espagnols a lieu à Cholula. Au départ, les Espagnols et leurs alliés amérindiens sont bien accueillis, en dehors des Tlaxcalas qui entretiennent des relations tendus avec les Cholultèques et restent à l’extérieur de la ville. Mais, alors que des festivités ont lieu, le 18 octobre, Cortés ordonne le massacre de la population. Des rumeurs d’assassinats des Espagnols pendant leur sommeil brisent la tranquillité. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, en particulier les membres de la noblesse locale, sont ainsi massacrés et marquent le premier bain de sang qui va annoncer la fin de la civilisation aztèque. Les chroniques font état de 5 à 6 000 victimes.
Attaque de Cholula par les Espagnols lors d'une fête religieuse
Après Cholula, les conquistadors font route pour l’Anahuac, ou la vallée de Mexico. Ils atteignent Tenochtitlan en novembre 1519. Cette cité, bâtie au centre du lac Texcoco, est immense. Elle est reliée à la terre par deux séries de ponts en bois. Elle abrite 200 000 âmes et s’organise autour de quartiers immenses, délimités par des canaux, sur une surface totale de plus de 12 km². Des bâtiments grandioses ponctuent le paysage avec des pyramides à gradins où se situent des temples ainsi que des autels pour les sacrifices humains. Le spectacle de Tenochtitlan est saisissant et nombreux sont les Espagnols qui ne parviennent pas à contenir leur admiration. C’était donc cela, la mystérieuse cité faite d’or ?
Représentation de Tenochtitlan
La prise du pouvoir par les Espagnols
L’arrivée des Espagnols et de leurs alliés se fait en grande pompe. Parés de leur amure étincelante, les Espagnols éblouissent la population. Surtout, les chevaux sur lesquels sont posés Cortés et ses capitaines finissent d’impressionner les Aztèques.
Au départ, l’empereur Moctezuma prend le parti de la diplomatie. Il accueille Cortés les bras ouverts et le traite comme un invité. Il offre aux Espagnols comme logement le palais de son père, Axayacatl, à proximité du centre de la cité et du palais impérial. Moctezuma agit ainsi car il ne connaît pas bien les raisons qui ont mené les Espagnols jusqu’à lui. Les quelques forces qui les ont affrontés parlent de géants (les cavaliers) et de bâtons qui crachent le feu (les arquebuses et canons). De plus, Cortés peut compter sur un miracle providentiel. Les Aztèques sont polythéistes et l’un de leurs dieux favoris est Quetzalcóatl, le dieu serpent à plumes. Selon la légende, il aurait un jour disparu mais aurait promis de revenir par l’est accompagnés de puissants tonnerres. Pour les Aztèques, les Espagnols sont des dieux et Cortés est l’incarnation de Quetzalcóatl.
Première rencontre entre Hernán Cortés et l'empereur Moctezuma II
Les Espagnols sont couverts de cadeaux et on leur laisse le passage lorsqu’ils se promènent en ville. Cependant, de nombreuses tensions commencent à émerger entre les deux populations. Lors de petits travaux dans le palais d’Axayacatl, un charpentier découvre une pièce secrète, remplie d’or. Cortés et les Espagnols se saisissent des trésors mais ils doivent se dire qu’il y en a encore. Malgré les insistances, Moctezuma ne dit mot.
Au printemps 1520, une nouvelle terrible arrive à Tenochtitlan. Des Aztèques auraient attaqué la ville de Veracruz et tué des Espagnols, dont le maire Juan de Escalante. La tête d’un conquistador, apparemment sacrifié, est même envoyée jusqu’à la capitale. Horrifié, Cortés exige que les coupables soient exécutés, ce qui est chose faite. Mais, plus que ça, il utilise le prétexte du massacre pour prendre en otage l’empereur Moctezuma. En effet, la mort de ces Espagnols montre que les conquistadors ne sont pas des dieux, mais des hommes, qui comme eux, sont mortels. Cette prise d’otage permettrait de préserver la vie des étrangers, dans une ville qui compte plusieurs centaines de milliers d’habitants. Une fois l’empereur capturé, Cortés oblige ce dernier à se dire sujet de l’empereur espagnol Charles Quint. En infime minorité numérique, les Espagnols venaient pourtant de se saisir de l’Empire aztèque.
Le début de la guerre entre les Aztèques et les Espagnols
Les réjouissances sont de courte durée. À peine Moctezuma est-il capturé que Cortés reçoit un message en avril 1520 annonçant le débarquement d’une force espagnole, envoyée par Velasquez, pour rapatrier Cortés et le juger. Commandée par Pánfilo de Narvaez, elle compte plus d’un millier d’hommes. Après des tentatives infructueuses de soudoyer les forces de Narvaez, Cortés fait route avec 350 hommes pour stopper la force punitive. Il laisse derrière lui une centaine d’hommes sous le commandement de Pedro de Alvarado. L’escarmouche entre Cortés et Narvaez a lieu de nuit, lors d’une embuscade menée par le premier le 24 mai 1520. Elle se termine par très peu de victimes et quelques blessés, notamment Narvaez qui est touché près de l’œil. Cortés réussit ensuite à convaincre le reste des troupes de le suivre, vantant les richesses de Tenochtitlan et attisant leur rêve d’aventures.
Mais entre temps, un drame se passe. Alvarado était un capitaine impulsif et violent. Lors d’une fête religieuse où les Aztèques dansaient et, surtout, sacrifiaient des humains aux dieux, Alvarado et les conquistadors décident d’interrompre le rituel. Finalement, l’intervention se transforme en massacre. Les Aztèques n’étaient pas armés et des centaines de corps, d’hommes, de femmes et d’enfants, jonchent les pieds et escaliers des pyramides, dont le sang colore la pierre blanche. C’en est trop pour les Aztèques qui décident d’aller manifester devant le palais des Espagnols, le tout, à coups de jets de pierres et de bâtons. En sous-nombre, Alvarado et ses hommes doivent se retrancher et fortifier leur position.
Finalement, le 24 juin, Cortés et les hommes de Narvaez, ce dernier ayant fini par être emprisonné dans une cellule de Veracruz, arrivent à Tenochtitlan et découvrent une ville sous tension. Les murs du palais sont marqués des impacts des pierres et les Espagnols sont à cran. Cortés, effaré par ce que lui disent ses hommes, comprend cependant que la situation doit se résoudre au plus vite, s’ils veulent un jour pouvoir rentrer chez eux.
Le choix des armes serait très mal venu. Cortés choisit donc la diplomatie. Durant le départ de Cortés, Moctezuma avait été déposé. Sa trop faible position vis-à-vis des Espagnols avaient poussé les Aztèques les plus radicaux à lui retirer son titre. C’est finalement son frère, Cuitláhuac, qui lui succède. Malgré tout, le conquistador tente de jouer la médiation en faisant parler Moctezuma du haut du balcon du palais. Cependant, l’arrivée de l’ancien empereur ne fait qu’attiser la haine des Aztèques. Finalement, Moctezuma est lynché par ses anciens sujets et meurt d’un jet de pierre à la tête. Pour Cortés, c’est le signe qu’il doit partir. Il ne doit plus rester à Tenochtitlan, sous peine de mourir, ou pire, de finir comme sacrifice.
La Noche Triste et Otumba, le baroud d’honneur des Espagnols
Le soir même de la mort de Moctezuma, le 30 juin 1520, Cortés décide de quitter la cité aztèque. Il fait rassembler ses hommes et les autorise à prendre toutes les richesses qu’ils sont capables d’emporter avec eux. En même temps, il charge certains de construire des ponts mobiles pour traverser le lac. Les Aztèques avaient en effet coupé les ponts pour éviter cette éventualité. Dans le noir de la nuit et le plus discrètement possible, Cortés parvient à faire avancer ses hommes jusqu’à la chaussée de Tlacopan. Le passage du lac s’annonce ardu. Il divise ses hommes entre une avant-garde commandée par le capitaine Gonzalo de Sandoval, un centre sous sa direction et une arrière-garde avec Pedro de Alvarado.
Alors que les Espagnols sont à peine à mi-parcours, ils sont repérés par des sentinelles qui donnent l'alerte. Très vite, des milliers de soldats aztèques fondent sur les fuyards, certains par le pont, d’autres par de petites embarcations d’où ils jettent flèches et pierres et grimpent ensuite sur l’édifice pour se battre au corps-à-corps. Les Espagnols sont pour beaucoup trop chargés et l’espace restreint empêchent une résistance digne de ce nom. Ils se font donc tailler en pièces. Certains se noient après être tombés et emmenés au fond du lac par le poids de leur trésor. D’autres, encore, sont capturés pour être sacrifiés sous les yeux ébahis des Espagnols. Les morts s’empilent et, très vite, le pont mobile est détruit. Les survivants parviennent tant bien que mal à atteindre la rive, parfois en marchant sur un amoncellement de bois et de parties de corps humains ensevelies.
Finalement, Cortés réussit à s’échapper mais il laisse derrière lui plus de la moitié de ses hommes, des canons, la moitié de ses chevaux et une bonne partie de son trésor. De l’arrière-garde, pourtant forte d’environ 200 hommes, il n’en reste plus qu’une poignée, dont Alvarado qui a miraculeusement survécu. Les chroniqueurs nomment cette débandade, la Noche Triste (« triste nuit » en français).
Noche Triste, par Margaret Duncan Coxhead, 1909
Une fois sortis de Tenochtitlan, les conquistadors prennent la route du territoire allié de Tlaxcala. Mais en chemin, ils sont harcelés par les Aztèques. Finalement, le 7 juillet 1520, leurs poursuivants décident de les affronter en terrain découvert à Otumba (ou Otompan). Les Espagnols, et les restes de leurs alliés Totonaques et Tlaxcalas, épuisés et en cruelle infériorité numérique ne peuvent compter que sur un miracle face aux 40 000 Aztèques.
Pendant plusieurs heures, les deux camps s’affrontent. Les troupes de Cortés tiennent bon mais l’armée ennemie semble infinie. Dès qu’un Aztèque est tué par une balle d’arquebuse ou un coup d’épée, il est remplacé. Toutefois, une opportunité se présente aux Espagnols. Pour accroître le moral des troupes, les Aztèques avaient fait venir un guerrier immense, Matlatzincatl, dont le costume flamboyant, richement décoré de plumes et d’habits colorés, le faisant passer pour le représentant du dieu Quetzalcoatl en personne. Avec une poignée de cavaliers, 13 selon les récits espagnols, et au cri de « Santiago ! » (saint Jacques en français), Cortés se lance sur le chef aztèque. Cependant, c'est l’un de ses hommes, Juan de Salamanca, qui parvient à terrasser le géant. La perte de ce commandant implante le doute et le désarroi dans les troupes aztèques. Même si les guerriers des dieux ne peuvent venir à bout des Espagnols, cela sera impossible pour eux. Le coup de poker de Cortés avait fonctionné. Les Aztèques, découragés, s’enfuient et la victoire d’Otumba permet aux Espagnols de souffler. Après la bataille, Cortés ne pense plus qu’à une chose, faire le siège et conquérir Tenochtitlan.
Bataille d'Otumba. Artiste anonyme. Fin XVIIe siècle
Le siège de Tenochtitlan
Après Otumba, Cortés et ses alliés retournent en territoire tlaxcala pour se ravitailler et reprendre des forces. Pour le siège de la cité, il compte sur l’arrivée de nouveaux renforts espagnols, dont des chevaux et de précieux canons, et sur ceux des tribus locales. Lorsque le siège débute en avril 1521, après des mois et des mois de préparations, ils sont près de 100 000, dont environ 700 Espagnols, principalement venus de Tlaxcala. Pour encercler Tenochtitlan, le conquistador fait construire une flotte lacustre, 13 brigantins assemblés à partir de pièces détachées venues de Veracruz, notamment des navires qu’il avait fait couler en 1519.
Pour prendre Tenochtitlan, Cortés établit un plan d’encerclement. Trois forces viennent occuper les principaux axes d’entrée de la cité tandis que les brigantins viennent assurer la sécurité du lac. Les Aztèques sont de remarquables navigateurs sur le lac Texcoco. Leurs barques rapides ont montré leur dangerosité lors de la Noche Triste.
Tableau anonyme représentant la conquête de Tenochtitlan. On peut y voir les durs combats et l'utilisation des brigantins sur le lac.
Le siège s’annonce difficile mais une nouvelle fortuite vient grandement améliorer les chances de victoire espagnoles. Depuis leurs départs durant l’été 1520, la ville avait subi en septembre et en novembre des vagues épidémiques qui ont ravagé la population. Les Espagnols avaient en effet ramené avec eux la variole, une maladie hautement contagieuse et dont les Aztèques n’avaient jamais entendu parler ni développer les défenses immunitaires adéquates. Près de 50 % de la population périrent ainsi. Les corps s’amoncellent dans les rues et l’air commence à devenir nauséabond. L’empereur Cuitláhuac avait lui aussi succombé et c’est Cuauhtémoc qui lui succède. Hasard du destin, ce nouveau souverain avait participé au lynchage de Moctezuma et, selon la légende, il lui aurait lancé la pierre fatale.
Malgré cette fragilité, les Aztèques restent toujours dangereux et peuvent compter sur la structure de la cité pour se protéger des coups de canons des Espagnols. Pour prendre la cité, ces derniers doivent pénétrer dans ses rues et donc réussir un combat au corps-à-corps avec des ennemis qui connaissent les lieux et peuvent sortir de tous les recoins. C’est pour éviter cela que Cortés décide de détruire, au fur et à mesure de sa progression, la cité. C’est un processus long car les Aztèques offrent une excellente résistance. Les Espagnols sont contraints d’avancer très lentement, au pris de nombreuses pertes lors des escarmouches. Les combats sont d'une extrême violence. Les Aztèques parviennent, même, à un moment, à capturer Cortés. Il n'est sauvé qu'in extremis par des compatriotes. Il fait également détruire les aqueducs, poussant les assiégés à se replier sur les rares sources de la cité. Mais avec le temps, les positions stratégiques aztèques sont prises et les envahisseurs entrent dans la ville. Finalement, le 13 août 1521, après trois mois de siège, Cuauhtémoc se rend aux Espagnols. En représailles, la cité est dévastée et de nombreux massacres finissent d’achever l’empire vaincu.
La chute de l’Empire Aztèque et l’avènement du Mexique
La chute de Tenochtitlan ne marque cependant pas la fin de l’Empire aztèque. Certes, le pouvoir central venait d’être anéanti mais des pouvoirs régionaux étaient présents. Il faut attendre 1525 avant la conquête totale du territoire. Le territoire de Tenochtitlan devient le cœur de la nouvelle colonie espagnole, la Nouvelle-Espagne, et elle prend le nom de Mexico, en souvenir des populations mexicas. Le lac est asséché et la ville s’étend à mesure que les Espagnols viennent y concentrer le pouvoir et les institutions coloniales. En 1523, Cortés en devient même le gouverneur avant d’être remplacé en 1525 par Don Antonio de Mendoza.
Après la conquête de ce qui deviendra le Mexique, Cortés continua ses aventures avec notamment une campagne au Honduras en 1523-1524. Il aurait par ailleurs, au début des années 1530, découvert la côte sud de la péninsule californienne. Il repartit en Espagne en 1528 pour y présenter les trésors qui avait pris pour la couronne espagnole. Il obtint en échange des titres et propriétés mais lorsqu’il repart en Nouvelle-Espagne, il voit qu’il n’est plus le bienvenu. Le temps de la guerre de conquête était terminé, c’était maintenant celui de l’administration. Les soldats n’étaient plus aussi considérés qu’une décennie auparavant. Il perd, enfin, le soutien de Charles Quint qui a désormais les yeux rivés sur le Pérou après la conquête de l’Empire inca par Francisco Pizarro (1531 – 1534). Il meurt finalement en 1541 de dysenterie, dans la quasi-indifférence de ceux qu’il avait aidé à s’enrichir.
Peinture à l'huile représentant la conquête du Mexique par Cortés, Diego Rivera, 1951, Palais national du Mexique
L’expédition de Cortés, bien qu’initialement destinée à le couvrir de gloire, était également une entreprise pour la couronne espagnole. La prise du pouvoir s’est faite au nom du roi Charles Quint. Cortés, bien qu’ambitieux, connaissait en effet sa place. Il participa également à l’évangélisation de l’Amérique centrale, à la fois en baptisant les indigènes, mais également en participant à la disparition des cultes locaux, en particulier par la destruction des idoles et des temples. Certains voient dans Cortés l’initiateur de l’esclavage des Amérindiens. Il a certes favorisé la mise en esclavage mais il faut y voir une pratique courante des Européens à ce moment-là et qui fut étendue par d’autres conquistadors comme Pizarro plus au sud. Mais, dans tous les cas, il faut malgré tout voir le destin extraordinaire d’un homme qui a saisi une opportunité et causé, plus tard, la fin d’une civilisation, dont les restes sont encore visibles aujourd’hui, à la fois dans les ruines qui jonchent le Mexique mais aussi les cultures nahuatl et le syncrétisme entre les coutumes locales et la foi chrétienne, à l’image du Día de Muertos (le jour des morts mexicain).
Publié par Adrien RASATA le 03/04/2025
Sources
Articles internet :
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Vidéos YouTube :
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• Cortes et la conquête de l’empire aztèque, par la chaîne Pierrick Auger, mise en ligne le 7 juillet 2014 [en ligne] [visionnée le 27/03/2025]. Disponible sur : https://youtu.be/stsC2rQ_w5M
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• La conquête espagnole vue par les Aztèques | L’Histoire nous le dira #266, par la chaîne L’Histoire nous le dira, mise en ligne le 3 décembre 2024 [en ligne] [visionnée le 27/03/2025]. Disponible sur : https://youtu.be/5wkfaF_2EEs
• Le Conquistador qui a ANEANTI l’Empire Aztèque, par la chaîne La Folle Histoire, mise en ligne le 26 décembre 2021 [en ligne] [visionnée le 27/03/2025]. Disponible sur : https://youtu.be/dvqLcEg4K9Q
• Malinche vs Moctezuma II | Duels d’Histoire | ARTE, par la chaîne ARTE, mise en ligne le 9 septembre 2023 [en ligne] [visionnée le 27/03/2025]. Disponible sur : https://youtu.be/hxeb1VPJmv4
• Mexique : ll y a 500 ans, la chute d’un empire - #CulturePrime, par la chaîne France Culture, mise en ligne le 2 mai 2019 [en ligne] [visionnée le 27/03/2025]. Disponible sur : https://youtu.be/1_ivQBqkPfg
Crédits images :
1) Capture de l’empereur Cuahthémoc par Hernán Cortés en 1521. Carlos Esquivel y Rivas. 1854. Licence Wikimédia Common. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Prisión_de_Guatimocín,_último_emperador_de_Méjico_(Museo_de_Zaragoza).jpg
2) Portrait anonyme de Cortés, XVIe siècle. Licence Wikimédia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hernán_Cortés,_s._XVI.jpg
3) Rencontre entre Cortés et les Tlaxcalas (ou Tlaxcaltèques). Wolfgang Sauber. Licence Wikimedia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Tlaxcala_-_Palacio_de_Gobierno_-_Verhandlungen_Spanier_-_Tlaxcalteken_2.jpg
4) Attaque d’une pyramide aztèque par les Espagnols et Cortés. Emanuel Leutze. 1848. Licence Wikimédia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Leutze,_Emanuel-Storming_of_the_Teocalli_by_Cortez_and_His_Troops-1848_(cropped).jpg
5) Représentation anonyme de Tenochtitlan. Auteur et source inconnue. Disponible sur : https://www.mitos-cortos.com/mitos-mexicanos/imperio-en-tenochtitlan/
6) Rencontre entre Cortés et Moctezuma. ©Ricardo Sánchez Rodríguez. Disponible sur: https://www.abc.es/cultura/abci-encuentro-moctezuma-y-cortes-saludo-hizo-historia-global-201911100120_noticia.html?ref=https%3A%2F%2Fwww.ecosia.org%2F
7) Mort de Moctezuma. H. Foster. Disponible sur : https://arrecaballo.es/edad-moderna/conquistadores-espanoles/hernan-cortes/
8) Noche Triste, les Aztèques se soulèvent contre les conquistadors, Margaret Duncan Coxhead, 1909. Licence Wikimédia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:ROHM_D225_Noche_triste_aztecs_rise_against_the_conquistadors.jpg
9) Bataille d’Otumba. Artiste inconnu. XVIIe siècle. Licence Wikimédia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Battle_of_Otumba_(Conquest_of_Mexico)_Painting.jpg
10) Siège de Tenochtitlan par les Espagnols. Auteur inconnu. XVIIe siècle. Licence Wikimedia Commons. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fall_of_Tenochtitlan_(cropped4to3).png
11) Combats entre un soldat espagnol et un guerrier aztèque. Auteur inconnu. Disponible sur : https://arrecaballo.es/edad-moderna/conquistadores-espanoles/hernan-cortes/
12) Représentation de la conquête du Mexique par Diego Rivera. 1951. Disponible sur : https://fr.pinterest.com/pin/383157880779647738/
A voir
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Il était une fois… les Amériques ??- Les Aztèques avant la conquête ?. URL : https://www.youtube.com/watch?v=aDKB7Cc2hTg
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Il était une fois… les Amériques ??- Que viva Mexico! ??. URL : https://youtu.be/SS37yiNRFu4
Série :
Hernán Cortés, de Julián de Tavira, María Jaén, Amaya Muruzábal (2019)
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